Maux & Cris

Vendredi dernier, aidé par une météo plutôt favorable, je propose à Sylvie d’aller tester une nouvelle ballade que me propose l’application MaRandonnée, que l’utilisateur de Visorando qui vous parle n’a encore jamais utilisé.

La veille, son cours de step lui avait quelque peu endolori les tendons. Après quelques hésitations, elle accepte et nous voilà parti faire la balade du Bois du Gros Chêne au-dessus de Giverny. Une balade de 7,7 km empruntant en partie le GR2, chemin de grande randonnée qui suit la Seine de Dijon au Havre sur 858 kilomètres.

Sur cette grande carte, la balade que nous avons effectué se situe à peu près à égale distance entre les mot Evreux et P.N.R. du Vexin Français (Parc National Régional du Vexin Français). Elle suit la colline du bord de Seine, d’abord en bas, puis aux deux tiers de la hauteur de la colline de la Seine, puis sur le plateau avant de redescendre.

La colline du bord de Seine a une hauteur moyenne de 130 mètres. Si l’on grimpe tout droit, c’est souvent raide de chez raide. À la montée, je dois aller doucement et m’arrêter régulièrement, afin de ne pas dépasser des capacités respiratoires amoindries par mon traitement, sous peine de me retrouver en détresse respiratoire, état qui me retire bizarrement tout humour, matière dont je suis habituellement fait.

À la descente, il faut aller doucement, ne pas poser le pied sur un caillou qui se déroberait, sur un bout de bois qui roulerait ou sur de la boue qui me ferait glisser et tomber sur le cul dans un grand chplak !!

Pour quelqu’un en bonne santé et muni d’aptitudes physiques normales, la balade, indiquée comme facile, ne présente aucune difficulté réelle. Deux grimpettes, la première de 35 mètres (bien raide face à la pente passe de 50 à 85 m), la seconde de 45m (un peu moins raide, de 80m à 125m). Sur le plateau, comme le nom le laisse entendre, c’est plat. En dénivelé cumulé, elle affiche 160 m. Et oui, les chemins sont farceurs.

A son début cette balade présente une vue sur la vallée de l’Epte, sur la fin de sa course avant qu’elle ne se jette, assez discrètement, dans la Seine, juste avant Giverny.

La vallée de l’Epte est plutôt jolie et mérite votre intérêt. Historiquement, c’est le chemin utilisé par les Vikings, Rollon à sa tête, pour aller signer avec Charles III dit le Simple (Attention, c’était en 911. Rien à voir avec le Charles III actuellement roi outre-Manche) le fameux traité de Saint-Clair sur Epte.

Ainsi, Rollon prenait possession des terres qui couraient de Saint-Clair sur Epte vers la mer et gérait ainsi une zone tampon pour éviter que d’autres vikings ne déferlent sur la France.

Les premières attaques avaient commencé en 799 en Aquitaine. La Neustrie (Normandie) fut attaquée une première fois en 820, mais sans succès. Vers 830, les vikings pénètrent de plus en plus loin sur la Seine, et pillent avec une technique imparable à l’époque. De violentes attaques éclairs, contre les églises, les monastères. Ils capturent aussi de riches personnages et demandent des rançons, pour libérer les otages ou pour protéger la ville. Ils prennent le fric et s’arrachent, n’empêchant aucunement une autre horde de viking de piller encore.

Le traité de Saint-Clair sur Epte a créé ce que l’on appelle maintenant, le Vexin Français (à l’est de l’Epte) et le Vexin Normand (à l’ouest de l’Epte).

La vallée de l’Epte est moyennement large avec des bords arrondis, occupée par des forêts et des champs. Des villages plutôt jolis, quelques châteaux, dont celui d’Ambleville. J’ai de l’affection pour elle. La route est super agréable pour faire de la moto par exemple. Il y a plein d’endroit pour se balader ou se poser, jusqu’à Gisors. Comme le Moulin de Fourges. Un des coins préférés de mon amie motarde Lina.

Bref, je reviens à ma balade. Grâce à elle, j’ai vu le « début » de la vallée de haut. Entre autres une petite zone de marais, que l’on ne voit pas en passant par les routes du coin. On aperçoit sur la photo la route qui va de Giverny vers Limetz-villez, le village au fond à droite.

Sur le chemin, j’ai attrapé cet arbre, avec des couleurs que les randonneurs connaissent. Le GR2 passe par là. Du lichen, un champignon vivant en symbiose avec une algue, une cyanobactérie ou avec les deux. Généralement, il n’est pas dangereux pour l’arbre. Une petite feuille bien jaune, plus jaune que la photo ne le montre, qui tranchait par sa couleur vive et une collection de champignons d’une couleur fauve, là encore mal rendue par la photo, grimpant un arbuste.

Nous avons senti que nous approchions d’un village elfique lorsque un champ de perce-neige s’est offert à nous.

En observant autour, nous avons localisé les entrées du village elfique. Nous sommes restés figés quelques instants, osant à peine respirer, afin de tenter d’apercevoir les elfes. Mais ils sont tellement timides. Nous connaissons leur adresse et reviendrons. Ils s’habitueront peut-être à notre présence.

Un peu plus loin, le vent faisaient doucement danser les cimes des arbres, dans un calme et un silence quasi mystique. Captivés, nous sommes restés pour profiter du spectacle. Silencieux pour ne pas troubler, ne pas déranger ce beau moment. Quand nous avons senti les premières racines forcer nos semelles de chaussures, il étaient grand temps de repartir.

Nous avons poursuivi notre chemin, sommes rentrés au bercail fourbus et avec une épaisse couche de terre sous les chaussures, d’où le « pas lourd » que vous avez trouvé dans le titre de l’article.

Si la balade vous dit, chercher « Le bois du gros chêne Giverny » dans Google. La balade est annoncé comme durant 2h00. Ce fut un peu plus pour nous.

Photos et vidéos sortent de mon iPhone, sans correction aucune, aussi naturelles que moches.