Maux & Cris

Certaines séries s’arrêtent dès la première saison, d’autres pas. En l’occurrence, celle dont je vais vous parler pourrait bien durer encore, et vous le comprendrez vite, cela ne me dérangerait pas.

Saison 1 : La découverte. La bête étant silencieuse, elle est découverte par hasard. Deux opérations avec armes et scalpels ont été lancées pour la trouver et l’éliminer. Cette saison a débuté fin 2011 et a duré cinq ans.

Saison 2 : Privation d’oxygène. Utilisation d’un arme chimique pour priver la bête d’oxygène. Cela fonctionne. La bête est contrainte, confinée dans un espace réduit et ne peut se reproduire. La saison deux s’est achevée en mars 2021. A noter : les effets sur l’organisme sont assez dévastateurs.

Saison 3 : Booster les défenses naturelles. Une arme plus intelligente et plus moderne est mise en place. Booster le système immunitaire. Saison très confortable, ne présentant plus aucun effet secondaire, mais stoppée au bout de six mois. Efficace, mais pas assez pour éviter que la bête ne grossisse. Avec un peu de recul, je pense que mon système immunitaire n’est plus assez fort.

Saison 4 : Privation d’oxygène #2. Mise un place d’une arme proche de celle utilisée en saison 2, mais moins violente pour l’organisme. Effet à confirmer. Le nom de termine en ix ce qui rassure mon côté Gaulois.

Nous espérons fortement que notre série vous proposera encore plein d’autres épisodes.

Un scanner effectuée mardi dernier a été suivi le jeudi par un coup de fil du secrétariat du médecin qui me convoquait dès lundi. Les personnes rompues aux pratiques liées au cancer savent que c’est rarement pour dire que tout va bien. Inutile de vous dire que pendant le week-end, pourtant passé à Lyon (cf. Les photos) dans ma famille, à l’occasion de mon 68ème anniversaire, j’ai eu l’occasion de dresser tous les scénarios possibles, favorables ou non. C’est ce que je fais à chaque fois. Cela me permet de ne pas être surpris.

Nous n’étions pas rassurés pour autant en nous présentant devant l’urologue et l’oncologue. Les solutions « noires » ayant été écartées, nous avons pu nous détendre. Par solution « noire » entendre : Des métastases se seraient développées, les poumons (ou d’autres organes) seraient atteints. Ici, pas de métastase, et si la tumeur a légèrement grossie, ce n’est pas critique non plus. Rien que cela a été agréable à entendre.

Je sais, cela peut paraître curieux de trouver agréable une nouvelle indiquant qu’une tumeur a légèrement grossi. Mais nous vivons dans un monde où le banal confine rapidement à l’horrible. Nous apprenons à énormément relativiser, comme nous apprenons à ne pas fantasmer, ni dans un sens, ni dans l’autre. Si je liste toutes les possibilités avec exhaustivité, c’est pour ne pas se focaliser sur l’une d’entre elle.

Oui, c’est évident, j’aurais préféré que l’immunothérapie fonctionne bien sur moi. Le fait de ne ressentir aucun effet indésirable (attention, je parle pour moi, un autre pourrait en ressentir, et des violents) est extrêmement confortable. Il faut bien être conscient que les traitements antiangiogéniques ne sont pas neutres. Ils sont efficaces mais ce qui fait mal à la tumeur fait aussi mal à l’organisme. Et parfois, c’est tellement lourd que l’on pourrait facilement préférer que tout s’arrête une bonne fois pour toutes.

Ce qui est paradoxalement amusant, c’est que, si mon cancer ne me génère pas de douleur, les médicaments qui me sauvent m’affaiblissent et me blessent. Le fameux rapport bénéfice / risque.

On repart pour un tour…

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