Maux & Cris

Chroniquer un CD est un exercice qui m’est très difficile. Je pratique toujours la musique, j’en écoute moins qu’avant, car écouter de la musique me prend tout. Il m’est impossible de faire autre chose en même temps. Je connais aussi la difficulté de créer, peaufiner, et s’arrêter sur une version, quand nous aimerions toujours aller plus loin encore.

Et puis, c’est intime le contact avec la musique. De quel droit me permettrais-je d’exposer les sensations que font se lever en moi l’écoute d’une musique ? De quel droit vous les imposer ? C’est pour cette raison que je fais peu de chroniques de CD.

Je n’ai plus de vrai lecteur de CD. La vérité est aussi là. Une vérité dérangeante. Mon dernier changement d’ordi nous arracha le dernier lecteur. Il nous reste deux périphériques utilisés pour écouter la radio et qui contiennent un lecteur de CD. L’un est dans l’atelier de Sylvie, l’autre dans la cuisine. Le son produit n’est pas génial.

Bref, je pose le CD dans le périphérique qui est dans la cuisine. Je lance l’écoute et garde précieusement le boitier du CD avec moi.

Kowan Duo, c’est qui ? Régis Coisne et Didier Griboval. Le premier a composé les 10 titres, en assure les guitares, le second joue la batterie, les percussions et les tablas.

Et la musique se lève. L’album est un album de voyage dans les musiques du monde. Mais attention il ne s’agit pas de faire la musique des autres. Régis Coisne a intégré les influences des musiques de partout mais c’est bien lui qui officie. Il est à la manœuvre, au service de la musique très variée qu’il apprécie, mais le chef c’est lui. Il décide du plat, des ingrédients qu’il y met et de la présentation.

C’est comme cela que j’ai apprécié tout particulièrement l’utilisation d’une forme d‘ostinato qui installe une ambiance colorée de laquelle s’échappent de belles mélodies, de celles qui touchent directement.

Le son est parfait. Les guitares bien posées au centre de l’espace, les éléments percussifs répartis autour. La spatialisation est parfaite, c’est très bien mixé, ce qui donne une lisibilité (ou une audibilité ?) parfaite.

Guitares et percussions, tablas ou batteries s’interpénètrent parfaitement et participent à la musique. Il y a des origines multiples dans cette musique, mais l’ensemble est homogène, cohérent.

Rapidement, on entend que les deux compères sont de sacrés techniciens. Mais la technique n’est pas là pour briller. Elle sert dame musique, l’harmonie et la mélodie. Elle sert la beauté. On entend par ci par là des influences. Ici du jazz, ici de la musique indienne, ici autre chose. Parfois une citation, bien assumée, surgit comme une madeleine de Proust.

Je me suis posé la question très Française de savoir dans quelle catégorie classer cette musique. Et bien non, désolé, ce n’est pas le sujet. Lâchez vos certitudes, vos habitudes et laissez-vous embarquer dans ce voyage. Vous ne savez pas où Kowan vous emmène, et ça vous inquiète ? Mais on s’en fout !

Le voyage est beau. Installez-vous confortablement dans un endroit calme. Sans gêne, sans réseaux sociaux, sans sources de perturbation. Faites le vide en vous. Une fois seulement le calme atteint, lancer la musique. Et concentrez-vous dessus. Les images vont monter toutes seules et je vous l’assure, vous ferez un très beau voyage un peu les cheveux au vent, comme sur un tapis volant.

Bon vol !

Grand merci à Régis Coisne qui, me lisant sur les réseaux sociaux, m’a envoyé gentiment son CD, juste comme cela, pour accompagner ma route. En échangeant avec lui, j’appris qu’il a joué avec Michel Perez, qui fut mon professeur de guitare jazz, et qui sait être aussi délicieux comme guitariste que comme homme. Régis l’est tout autant.

Le site de Régis Coisne est très bien fait d’ailleurs : http://www.regiscoisne.com/

Pour commander le CD (Musical Word Trip – Kowan Duo – 12 €), passez par les adresses mail suivantes : kowan.music@wanadoo.fr et exomusix@gmail.com

---