N’avez-vous jamais eu envie de pouvoir capturer une odeur comme on capture un paysage avec son appareil pour en faire profiter ses amis sur Facebook par exemple ? Avoir un appareil à odeurs pour cela, qui numériserait les parfums pour les envoyer à l’autre bout de la terre où votre ami(e) utiliserait le même boitier pour recomposer le parfum et en profiter. Ça fait rêver…
En attendant ce moment, je suis devant le bouquet des dernières roses de l’année, celles du rosier grimpant à côté de la porte d’entrée du garage. Le rosier qui escalade le mur vers les fenêtres capucines, ainsi nommées pour les vitraux réalisés par le défunt Claude, papa de Sylvie, qui en avait fait le dessin.


Lorsque nous avons fait changer toutes les ouvertures, plus tôt dans l’année, ces deux fenêtres n’ont pas été changées, car il était impossible de conserver ces vitraux avec des fenêtres modernes. Comme il nous était inenvisageable de nous en passer, les fenêtres capucines sont restées inchangées.
Bref, me voilà devant ce tardif petit bouquet, nous sommes le 15 octobre, regroupant de délicieuses petites roses à l’ancienne, ouvertes ou encore en bouton. Et je me dis qu’en l’absence de tout appareil à odeurs, je pouvais toujours tenter de vous la décrire.
En premier lieu, on attrape un fort parfum mélangé rose et citron. L’équilibre des deux est parfait, les deux étant également présents, aucun n’ayant l’impudence d’écraser ou même d’estomper l’autre. L’odeur est forte, vivante. Elle pénètre dans vos narines et en tapisse la surface. Si l’on inspire fortement plusieurs fois, au bout de la troisième, on a l’impression que la fleur ne sent plus. C’est que passer de rien à cette odeur est un choc. Le violent choc de la beauté offerte dans sa nudité.



Il suffira de laisser passer un peu de temps, pour que nos narines redeviennent ce capteur neutre qu’elles sont, et pour ressentir de nouveau la force de ce parfum. Comme lorsque nous étions jeunes, et que chaque fois que nous retrouvions notre amoureuse, sa beauté nous inondait alors qu’au bout de nos étreintes, nous l’avions « banalisée ». Le choc de la beauté est plus vif lors des retrouvailles. Il en est de même avec ces parfums.
Mais derrière la rose et le citron, il y a aussi du poivre, un peu moins fort, et du cuir, encore moins fort. Et il y a aussi des remontées d’enfance, quand petit je trouvais que les roses sentaient bon et que cela suffisait de le dire sans avoir besoin d’analyser plus avant.
Les roses mettent nos sens en émoi, pas tout à fait comme une belle femme qui entrerait dans notre vie, mais cela s’y rapporte un peu. C’est un émerveillement, une gifle, une promesse. Quelque chose d’hors norme, d’inhabituel. Quelque chose que l’on attend pas mais qui s’offre sans rien demander en retour.

Voilà, quand je sens les dernières roses du jardin, que le petit matin est froid, que le jour est gris et de plus en plus court, je sens la rose, le citron, le poivre et le cuir. Et aussi la promesse du bonheur que la beauté nous offre. Et aussi celle qu’un jour, les gris seront mangés par les bleus et les verts et que, comme dit mon amie Solène, le printemps reviendra, il revient toujours…


Bonne journée les ami(e)s

©️ Texte et photos de Régis Vignon (sauf la tasse de café – voir la légende)
Je lis ce parfumé billet devant un bouquet de roses.. bon matin a tous
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Waouhhhh !!! Bonjour Régis…tu en as parfumé mon café, de douceur, de romantisme, de bien être et bien d’autres encore enrobés de ce dernier parfum 😊 les fenêtres capucines sont superbes, j’adore les vitraux … merci pour ces mots qui vont parfumer ma journée d’une douce mélancolie et belle journée à toi 😘🌹
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Bonjour Swannaëlle,
Merci pour tes gentils mots. Je suis heureux et flatté que mon petit billet ait ainsi participé à ta journée.
Tu comprends que l’on ne puisse se passer de nos fenêtres capucines. D’abord, elles sont jolies, ensuite elles sont uniques et pour finir, c’est sentimental. Claude est parti et nous manque. J’adorais mon beau-père…
Belle journée Swannaëlle. 😘🌹
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Il y a longtemps, mon oncle revenant d’un lointain voyage, nous ramena une canette métallique avec marqué dessus « Air de Tahiti ».
Je trouvais cet objet à la fois ridicule et furieusement poétique.
Votre texte m’a fait pensé à cette canette et à ce désir de partager les parfums d’un lieu, d’une peau, d’une fleur, d’une bâtisse, d’un souvenir…
Et puis, un jour j’ai craqué, j’ai ouvert la canette.
Et rien…
La beauté s’était surement évaporée dans le sens caché des choses.
très belle journée à vous Régis
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À une époque on trouvait des bouteilles d’air de Paris ou d’ailleurs. C’est, comme vous le dites, ridicule et poétique. Vendre ce genre de bouteille, c’est vendre du rêve.
Belle journée Paquerite,
Régis
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Voilà un billet qui ne manque pas d’air…parfumé, c’est ma foi fort agréable et ça nous fait voir la vie un peu plus rose, on en a bien besoin. J’ai bien sûr immédiatement pensé à Patrick Süskind et son roman « Le parfum », comment faire autrement?
Tes vitraux sont magnifiques (je suis un tout petit peu jalouse 😉 ) et ont d’autant plus de valeur que s’y ajoute le souvenir sentimental. Comme tu le sais j’aime aussi les beaux vitraux (comme ceux créés par Folon que j’ai partagés récemment)
Merci pour ce billet tout en douceur, bonne journée.
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« Le parfum » m’avait fait un choc à sa sortie. J’avais beaucoup aimé ce livre.
Quoi de mieux que des roses roses pour chasser le morose et voir la vie en rose !
Pour les vitraux, nous avions au pied du rosier une immense capucine. Aujourd’hui elle s’est perdue mais il nous reste celle, durable, gravée dans le verre par Claude.
L’oeuvre de Folon était très poétique si je me souviens correctement.
Merci pour ton gentil commentaire.
Belle journée Photonanie. 😘
Amitiés,
Régis
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Il y aura peut-être encore une floraison à Noël ?
Chez nous, le rosier devant la maison fleurit toujours à Noël, ce qui nous permet d’attendre le printemps, car en effet, il revient toujours le printemps (p’tit clin d’œil à SOlène !).
Bonne journée tout en rose, Régis. 🎼🌹
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Non, pas celui-là. Un autre rosier s’autorise une rose rouge de temps à autre alors que le temps ne s’y prête guère, histoire de nous surprendre ou de nous rappeler qu’il est bien là, mais le rosier rose va se mettre en sommeil pour les quelques mois les plus rigoureux.
On lui en fait des clins d’oeil, à notre maritime Solène !
Belle journée Jean-Louis
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Le morceau de Berlioz est très beau. Merci.
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Bonjour toi !
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Bonjour SOlène !
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Bonjour Régis, quel beau parfum qui se mêle à celui de mon thé.
J’adore les vitraux et les roses.
Le printemps me manque déjà, mais il revient toujours, c’est vrai.
Je te souhaite une excellente journée 😘
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Merci pour ton commentaire Angélique.
Belle journée. 😘
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Quel beau vitraux! Et cette « traverse? » En fer forgé portant des épines vient donner un effet superbe à l’ensemble.
Les roses sentent magnifiquement bons dans l’air frais du petit matin. Merci et une belle journée / soirée à toi.
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Ici en France il est 11:30 du matin. Tu es au Canada ? avec six heures de moins ? il serait 5:30 chez toi si tu es sur la côte est.
Oui je tiens à ce vitrail et je pense que tu as
compris pourquoi.
Belle journée GhOST !
P.S. Je ne sais pas ce que fait WP, mais j’ai perdu les notifications des sites auxquels je suis abonné. Grrr ! Je vais encore envoyer un mot au support…
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Oui il est très tôt ici, pas encore l’heure du café, pas que j’en prenne un ces temps derniers, ah!
J’ai toujours trouvé bien compliqué tout ces fuseaux horaires. Signe sans doute d’une personne qui n’a jamais quitté le sien. Du temps que je jouais en ligne avec un ami du bout du monde, (il est en france chez Ubisoft), j’avais deux horloges sur ma tablette.
WP n’en fais souvent qu’à sa tête. Un phénomène que l’on retrouve partout depuis que l’on pousse nombre de mise à jour toute les semaines. Une n’attend pas de briser la précédente.
Belle journée Régis
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Comme responsable support d’un support informatique monde, j’ai du m’habituer aux fuseaux horaire.
Mon fils est un gros gamer. Il joue avec des gens de partout. Il a appris l’anglais comme ça et en regardant des vidéos Youtube. Il vient d’intégrer une prépa intégré dans une école d’ingénieur et a eu la meilleure note en anglais.
J’ai un ami qui a travaillé chez Ubisoft au niveau marketing.
WP a ses soucis, mais les autres outils doivent bien avoir les leurs…
Merci et bonne journée.
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Ah, c’est ce que je dis, on apprend quand même quelques petites choses dans les jeux. Moi aussi, j’ai pris goût à l’anglais en essayant de comprendre les textes en anglais des jeux.
Félicitations pour ton fils. Et bonne chance aussi dans ses études.
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Les odeurs…si fortes. Mon souvenir le plus ancien est mon premier jour à l’école, (j’ai pas les mots) la cour de récréation, le relais, le tarmac? L’odeur.
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Oui et l’odeur des classes. Le bâtiment était vieux…
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j’avais quatre ans. Et cinquante ans plus tard, c’est frais.
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Non mais, tu vas pas le croire, mon Emplumé: sans Twitter, je n’aurais pas vu ce billet. Faut le faire, hein 😉
Et donc, avant tout MERCI. C’est gentil de ta part. Une deuxième fournée est partie hier. Canada, Algérie, Suisse, les 4 coins de la France… il voyage le bb 😉
Elles sont belles tes roses de jardin. Sûrement plus parfumés que les miennes de fleuriste.
Muah bisous 😘 et merci encore 🙏🌹
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C’est drôle, hier j’ai commencé un post Twitter pour dire que vu que mon audience était ridicule sur Twitter, j’allais arrêter. Et puis, je me suis dit « non, laisse du temps au temps ! »
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Bah, la mienne d’audience Twitter, tu en fais très vite le tour aussi: J-L, toi et Danièle Saint Bois. Et tu sais quoi ?Ça me va. ( en tout cas, je ne cherche pas à l’augmenter. Surtout pas pour l’instant)
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PS: tu sais les gens, ils peuvent pas deviner qu’on existe. Et ils savent pas ce qu’ils perdent. Tant pis pour eux 😉
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Je leur tire la langue !
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Quelle beauté ces vitraux chargés de souvenirs et de délicatesse !
Pour rebondir sur ton sujet, ça me plait assez que l’on ne puisse pas capturer les odeurs et ceux qui s’y essaient avec le parfum par exemple ne pourront jamais rivaliser avec ce que l’on ressent à respirer le parfum d’une fleur ou tout autre chose qui nous est cher. Paradoxalement, j’aime les mots qui décrivent toutes odeurs, et tu le décris bien. Comme il émane du bouquet de roses pris en photo des senteurs subtiles, c’est très étrange ce ressenti alors que je suis derrière mon écran, je pourrais presque respirer leur parfum. Sans doute dégage-t-il tout simplement ce que toi tu perçois de beau et rend le partage encore plus saisissant.
Oups, je suis rarement aussi bavarde sur WP 🙂
Merci pour ce billet Régis, très belle journée à toi.
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Ne t’empêche pas d’être bavarde ! Merci de tes mots. Je suis confirmé dans mes idées grâce à ce que tu me dis.
Belle journée Laurence.
😎
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Je retrouve avec plaisir Laurence Délis croisée par le passé sur Brick a book 😉
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😉
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Comme c’est beau. Le texte, les images. Le bouquet, à la fois frêle et puissant. Transportés nous sommes. Merci Régis de ce moment poétique.
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Merci Renée. ❤️
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Magnifiques vitraux, précieux souvenir et trace laissée par ce Claude 🥰
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Merci pour ce commentaire Graines de verdures. 😘
Régis
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J’adore les roses et leur parfum, c’est sublime! Le côté éphémère de la chose le rend plus précieux je trouve. Superbe vitraux au passage !
Bon week-end
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Merci pierre. Bon week-end !
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J’ai trouvé le capteur de sens dans la boutique « aux instants présents ». Il y a une plaque sur l’appareil avec une marque « Régis Vignon ». Ce capteur de sensations est incroyable car il permet de nous faire ressentir le parfum des roses à distance et encore plus fou les sentiments qui l’accompagne. Cet « instrument » d’un autre temps créé par la célèbre « compagnie de la sensibilité » ne peut être manié et compris que par des personnes ayant à la fois des capacités sensorielles et émotionnelles rares.
Merci Regis pour ce très beau billet.
Les photos de vitraux et de roses l’accompagnement très bien. La photo de roses du milieu (la deuxième) en plan rapproché est très réussie.
Belle journée
Alan
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Merci Alan. C’est très gentil ! Ça marche alors ! Je me disais que c’était impossible. Et puis je me suis dit, je le tente on verra bien… la compagnie de la sensibilité est une belle invention. Merci merci Alan.
M’autoriserais-tu à utiliser ton commentaire comme témoignage, s’il te plait ?
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Amie de la rose, la compagnie de la sensibilité t’autorise à utiliser mon commentaire ! 😉
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Merci 👍
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Ami, pas amie;) Quoique on s’en fou…Nous ne sommes plus des hommes ou des femmes mais des humains
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A reblogué ceci sur Maux & Criset a ajouté:
Des goûts et des couleurs…
Il y a peu j’ai publié un article sur les odeurs. Je n’aurais pas mis un kopeck dessus, n’étant absolument certain de sa réussite et il se trouve que c’est celui que vous avez le plus commenté.
J’y reviens en m’interrogeant sur ces traces d’odeurs, ces fantômes d’odeurs dont nous ne revient que le souvenir qu’ils ont existé, l’impression qu’ils ont laissé, sans que notre cerveau ne parvienne à en retrouver la précision ni la nature, ni la composition précise.
Comme pour le mot que l’on a sur le bout de la langue sans le retrouver, notre cerveau défaille. Il sait que l’information existe quelque part sans en retrouver le chemin.
Dans ce cas, inutile de se braquer. Il faut au contraire se détendre. Il y a de fortes chances que notre cerveau retrouve correctement l’information, dans les minutes suivantes. Mais si l’on se braque, c’est mort…
Cela m’arrive souvent d’être envahi par un fantôme d’odeur. La dernière fois, j’ai mis plusieurs minutes pour identifier une odeur d’herbe aromatique. C’était l’odeur de la coriandre que Sylvie avait ciselé pour recouvrir les morceaux de poulet.
Mon traitement dénature totalement le sens du goût. Tout me parait fade. Une viande blanche comme le poulet doit être parfumé pour que j’avale avec bonheur. Sinon, au bout de quelques bouchées, je mâche de longues minutes avant de pouvoir avaler, signe de l’écoeurement qui me fait arrêter de manger.
Donc, lorsque j’arrivais dans la cuisine ce jour-là, le parfum de coriandre flottait dans l’air. J’identifiais seulement qu’il s’agissait d’une herbe, verte, mais impossible de mettre le doigt dessus, si j’ose dire.
Souvent, pour contourner la fadeur, je poivre le plat de manière déraisonnable. Mais j’aime bien. J’aimerais tant pouvoir mettre du piment, que j’adore, mais ma bouche ne le supporte plus. Pour résumer, je ne supporte pas ce qui est trop fort, ni ce qui est trop fade. Et pour couronner le tout, les odeurs m’échappent.
Sinon, ça va. Et vous ? Je ne voulais pas m’en aller sans vous gratifier d’un haïku, une sorte de bonbec.
Goût de l’amour
Goût de ton été
Sur le bout de ma langue
C’est bon mon amour
Haïku – Régis Vignon – 8 novembre 2020
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