Maux & Cris

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Lire l’épisode précédent : Dupin – La Lorraine (suite)

« Lilly a beaucoup contribué à notre décision. Nous avions beaucoup d’arguments pour y aller, mais la liste des changements à procéder étaient si longue que nous pensions ne pas être à même de faire le saut. A force de discussion, petit à petit, Lilly a déplacé notre focus. En étudiant chaque difficulté dans tous ses détails, elles ont perdu de leur poids et les avantages qui étaient cachés derrière ont montré leur plein potentiel. Au bout d’un moment, les difficultés, même sérieuses, sont passées derrière les avantages. Nous étions mûrs et nous avons dit GO pour le grand saut. »

Dupin se dit qu’il n’est pas à l’abri des surprises. Certes, les grands chantiers de jardin avaient été moins nombreux au fil du temps, mais il était passé à côté de ce qui semblait être une partie de l’activité de Lilly dont il ignorait presque tout. Ils avaient beaucoup échangé sur l’écologie, le réchauffement climatique et comment leur activité pouvait s’inscrire de plus en plus dans cette veine éthique.

D’ailleurs ils avaient revu leur manière de refonder les jardins pour appliquer des règles concernant les produits chimiques, dont ils se passaient et les essences qui étaient prises sur celles vivant traditionnellement dans la région. A cette occasion, ils étaient obligés d’argumenter parfois sur le fil du rasoir avoir les propriétaires, dont l’objectif étaient trop souvent exempt d’un grand sens écologique.

Peinture de Jean-Claude Vaillant – https://www.flickr.com/photos/jcvaillant/

Par exemple, il leur était difficile de dire adieu à des essences venant de l’autre bout de la terre, pour leur coût en CO2. Cette notion paraissait trop fumeuse aux yeux de certains. Il fallait alors ressortir les explications sur le fait que diminuer la production de CO2 était l’enjeu numéro un pour limiter le réchauffement climatique et que cela devait se mesurer sur toutes nos activités et pas uniquement sur celles qui nous arrangent ou ne nous concernent pas.

Dans le cas du Baron Anthelme, un des combats sur le rasoir avait concerné les topiaires. Il connaissait un spécialiste un travaillait à la tondeuse électrique et en voulait partout de ces sculptures végétales.. Lilly et Dupin lui avait expliqué que la tondeuse électrique n’était pas idéale pour réduire le CO2, même si l’électricité utilisée était nucléaire, comme c’était majoritairement le cas en France.

La Lorraine avait une centrale à Cattenom au nord de Metz. Son positionnement près des frontières Luxembourgeoise et Allemande, n’avait pas manqué de générer beaucoup de manifestations de la part de nos voisins à la sensibilité verte un peu écorchée. Ils préféraient ne pas risquer le nucléaire avec ses problèmes de matières radioactives résiduelles dont on ne savait que faire et le pur risque nucléaire, mais ils n’hésitaient pas à consommer l’électricité la plus grise délivrée par des centrales à charbons, certes dépourvues de risques et de résidus gênants mais grandes génératrices de CO2. Chaque kilowattheure ainsi produit génère 950 grammes de CO2. Trois fois plus qu’une centrale au gaz. Les énergies renouvelables provenant des centrales hydrauliques, de l’éolien ou des panneaux photovoltaïques ne produisent pas de CO2 en fonctionnement. Seule leur fabrication génère du CO2. Tout comme le nucléaire.

L’Alsace avait la plus vieille centrale nucléaire de France, Fessenheim, dont le démantèlement a commencé début 2020. Il était donc envisageable que l’électricité dans cette région puisse être par moment importée d’Allemagne, donc en provenance de centrale à charbon. Tout cela pour expliquer à Anthelme que le taillage des topiaires par son as de la tondeuse électrique n’était pas la meilleure des choses à faire et qu’une taille manuelle, serait plus fine et plus écologique. Il fallait déplacer un spécialiste au moins deux fois par an. Plus le nombre de topiaires était élevé, plus le coût financier serait important. C’est ainsi qu’il avait seulement conservé une biche et un sanglier, animaux emblématiques du domaine, contrairement aux girafes ou autres bestioles n’habitant pas vraiment dans le coin qu’il voulait au départ.

« Anthelme, à tout hasard, vous souviendriez-vous de la dernière fois où Lilly est venue vous voir ? »

Le Baron réfléchit et dit « C’était en 2017. J’en suis certain. Nous avions un point de suivi des fruitiers pour valider tout ce qui avait fait pour le passage en bio. Il en était ressorti qu’il fallait faire appel à un spécialiste en production bio des mirabelliers, pour suivre les nouveaux arbres presque matures dont certains montraient d’inquiétants signes de faiblesse. C’était au printemps 2017. Les arbres étaient en fleurs. C’est très beau à cette époque, vous savez ? »

Photo Meuse Attractivité : https://www.flickr.com/photos/cdt55/

« Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir cela. Si cela vous dit, je pourrais venir faire des photos au printemps prochain ?»

« Je n’osais pas vous en parler. Ce serait avec plaisir. Cela permettra de montrer la beauté des arbres bio sur notre site internet. Notre monde manque tellement de beauté. Enfin, non il n’en manque pas, mais on se focalise trop souvent sur le laid. C’est l’effet loupe des réseaux sociaux.»

« Excusez-moi Anthelme, mais comment était Lilly en 2017 ? Semblait-elle comme d’habitude ? »

« Oui Dupin, comme d’habitude, à l’aise avec son sujet, rassurante et motivante. Peut-être un peu moins souriante. Enfin ce n’était pas évident. Disons qu’elle avait un peu moins d’allant, comme si une ombre de tristesse ou d’inquiétude l’empêchait d’être aussi brillante qu’à son habitude. Oui, plus d’inquiétude que de tristesse. »

« Vous en avez parlé avec elle ? »

« Oui. C’était délicat d’aborder le sujet, mais je tenais à ce qu’elle se sente bien au domaine. Je lui dis qu’elle semblait préoccupée. Je lui ai demandé si tout allait bien. Elle m’a rassuré. Malgré cela, je ne l’ai pas vraiment cru. Elle m’a assuré que cela n’avait rien à voir avec le domaine et sa mission ici et m’a parlé d’un contrat où elle sentait qu’on ne jouait pas franc jeu avec elle. Elle m’a dit qu’on la prenait pour un lapereau de six semaines. Ce sont exactement les mots qu’elle a prononcé. Un lapereau de six semaines… »

« Pas de détail supplémentaire qui pourrait orienter vers un contrat particulier ? »

« Elle m’a dit que tous les frères n’avaient pas la même valeur ! Si ça vous parle tant mieux. »

« Pour l’heure, non. En tout cas merci. Vous m’emmenez faire un tour du domaine ? »


À suivre : Dupin – Le débrief


Bonne journée les ami(e)s

Image par Gerd Altmann de Pixabay

©️ Texte de Régis Vignon – pour les photos consulter les légendes

13 réflexions sur “Dupin – La Lorraine (suite de la suite)

  1. Le mystère s’épaissit !
    Bonne journée, Régis.
    (Et merci pour le cours sur la production d’électricité. Fessenheim et Cattenom, je connais bien !)

    Aimé par 3 personnes

    1. Maux&Cris dit :

      Bonjour Jean-Louis,
      Il se plait en Lorraine le Dupin. Il y a de quoi faire la suite de la suite de la suite….
      J’ai appris un peu en préparant cet article en particulier sur la production de CO2 en fonction de l’énergie. Cependant mes connaissances en la matière restent très superficielles.
      J’ai appris aussi sur la production de prune, en regardant le cahier des charges du ministère de l’agriculture et sur les quantités produites.
      Tant que j’apprends des trucs ça va…
      Belle journée Jean-Louis,
      Régis

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  2. « Tant que j’apprends des trucs, ça va ». Bel état d’esprit, Régis. 🙂

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  3. Lazuli Biloba dit :

    « Elle m’a dit que tous les frères n’avaient pas la même valeur ! Si ça vous parle tant mieux. » Que de mystères dans cette belle Lorraine !

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    1. Maux&Cris dit :

      Et oui, plein de mystères ! Que notre ami Dupin va devoir débrouiller !
      Pourvu qu’il y arrive !

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  4. Solène Vosse dit :

    Et oui, le travail d’écriture, c’est aussi beaucoup de recherches. J’aime énormément ! Avant j’allais à la bibliothèque le samedi après-midi. Maintenant avec Internet, je fais ça vautrée sur le canap’
    Et sinon, La Lorraine ( où l’on suit Dupin)…. pourquoi la Lorraine ? Mystère et boule de gomme ( à approfondir ? Peut-être y trouvera-t-on un éclaircissement et la clef du mystère au bout de tout ça).
    Pas trop de détails de ceci cela (pour ma part je préfère, je lis les aventures de Dupin, pas Wikipédia 😉 ). Autant j’aime être imprégnée par une atmosphère, découvrir des lieux, des paysages, faire connaissance avec des personnages, tenter de comprendre leur psychologie, autant le livre risque de me tomber des mains si ça tourne trop au cours…. Je sais pas si je m’explique bien.

    Des gros bisous, et une toute belle journée de vendredi à toi, cher Emplumé. A bientôt. Au plaisir de te lire. 😘❤🌹

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    1. Maux&Cris dit :

      Bonjour Solène et merci pour ton commentaire.

      Les recherches font partie du truc. Cela met de la vérité dans les histoires et permet d’accrocher l’histoire à la vraie vie. Enfin je crois.

      Pourquoi la Lorraine ? Je ne sais pas vraiment. Peut-être bien parce que je ne connais pas et voulais réparer ce point. Sans doute aussi en hommage à mon ami Denis, qui en est originaire. Sûrement un défi à moi-même.

      Je comprends tout à fait ce que tu me dis. Attention à ne pas déballer si ce n’est pas indispensable à l’histoire. J’espère être resté en deça de la limite, mais ta remarque me laisse entendre que ce n’est pas certain… 🥴

      Bon vendredi ma chère SOlène. Que cette journée te soit belle, agréable et profitable !

      Tchin café ☕️☕️ 🌹❤️😘

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    2. Solène Vosse dit :

      Re.. cher Régis !

      Ne te formalise pas surtout. 1 ) comme je me suis endormie très tôt hier soir, je me suis réveillée très tôt ce matin. Avec l’impression d’avoir assez et super bien dormi. Mais il faut croire que non, car je me suis rendormie sur mon tel pour ne me réveiller que maintenant. ( il y a 10 minutes) .
      Là, comme je suis en période de déménagement, très accaparée par tt ça, peut-être ne suis-moins réceptive.
      Il faudra que je relise tout d’un trait depuis le début. Dès que le temps me le permettra. Parce qu’il faut dire qu’il y a eu bcp de coupures.

      2) et puis, cela reste un premier jet, non ?

      Tout dépend de ce que tu veux en faire de ton Dupin ( éditer ou pas). Le cas échéant, je pense que toute critique constructive ( et sincère) nous aide d’avantage qu’un « c’est bien, formidable ! » ( tu m’auras comprise) .

      Il y a un titre, au fait ?

      Toute belle journée à toi, encore une fois. Prends soin de toi. Bisous, bisous. A bientôt.

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    3. Maux&Cris dit :

      Oui, je compte allez au bout de cette histoire, poser les trois lettres FIN et l’envoyer dans le monde vivre sa vie. L’édition est clairement mon but. Pour la première fois j’avance dans ce sens avec détermination.

      Rassure-toi, je prends les remarques avec reconnaissance. Je me suis posé la question de donner des infos qui enrichissent mais sans diluer l’histoire. A cet égard, le regard des lecteurs m’importent beaucoup. Et le tien encore plus. Merci pour cela.

      Pour l’heure, son nom de projet est Dupin. Je verrai cela une fois que tout sera écrit, relu, corrigé, finalisé… Il se pourrait bien que ce qui en sortira soit si différent que ce que j’ai vaguement imaginé au départ. Je suis parti dans une aventure sans savoir ce qui va se passer, Chaque feuilleton est l’occasion pour moi découvrir la suite de l’histoire. Je dois juste en accélérer un peu la production, afin d’éviter l’œuvre posthume ! 😂

      Mais fichtre de fichtre, j’ignorai que tu déménageais. C’est une période délicate, beaucoup de choses à gérer, des histoires qui vont et qui viennent. Toujours un peu déstabilisant.

      Je t’embrasse fort, te souhaite un bon emménagement, de belles journées, une belle et insolente santé. Je me souhaite d’avoir vite le plaisir de te lire et de tes nouvelles.
      🌹❤😘

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    4. Solène Vosse dit :

      Ouf! On s’est compris. Au fond, si je me suis demandé pourquoi avoir dit mon ressenti ( tout de suite) après lecture, j’ai pu y répondre: j’ai surtout retenu la centrale, les mirabelles… Enfin tu vois quoi.
      Mais le bon côté des choses: le plus souvent ailleurs, je lis – bof, je passe et ne dis rien. Donc, c’est un signe d’intérêt.
      Puis tu sais, pour un premier c’est normal. Après on élague. Et c’est quand on ne trouve plus rien à retirer que l’on peut considérer le livre terminé.

      Et sinon, oui, ces temps, je suis bien occupée 😉

      😘❤🌹

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  5. Solène Vosse dit :

    Tu sais quoi, J-L ? Pensé direct a toi. La centrale, la production d’électricité… obligé 😉

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