Il est là, dehors, tout autour de la maison. Il pose le principe du mystère, de l’intouchable, de l’impermanence. Léger comme un papillon, dont il n’en a pas les couleurs chatoyantes, il a été posé là par un fieffé blagueur, qui laisse croire que plus rien n’existe alors que tout est là. Comme hier et comme le jour qui suivra. Mais c’est estompé. Et plus c’est loin, moins on voit. Un voile ici, un écran là-bas.
He is there, outside, all around the house. He lays down the principle of mystery, of the untouchable, of impermanence. Light as a butterfly, of which it does not have the shimmering colors, it was put there by a fiery joker, who suggests that nothing exists anymore when everything is there. Like yesterday and like the day that will follow. But it has faded. And the farther it is, the less you can see. A veil here, a screen there.

La lumière n’est encore qu’une lueur diffuse. L’astre solaire, si puisant (3,8651 × 1026 W), se prosterne devant quelques minuscules gouttelettes d’eaux en suspension dans l’air. Mais la victoire de H2O en suspension est éphémère. En quelques minutes, le rapport de forces s’inverse. Les objets, les arbres et les maisons trouent la blanchâtre grisaille, se reforment, se réinventent. Le mystère a déjà disparu, reparti se cacher quelque part où personne ne le trouvera. Et le soleil reprend sa place de dominant. Alors, qui c’est le boss ?
The light is still just a diffuse glow. The powerful solar star (3.8651 × 1026 W) bows down to a few tiny droplets of water suspended in the air. But the victory of H2O in suspension is ephemeral. In a few minutes, the balance of power is reversed. Objects, trees and houses pierce the whitish greyness, reform, reinvent themselves. The mystery has already disappeared, gone back to hide somewhere where no one will find it. And the sun resumes its dominant position. So who’s the boss?
Il ne restera rien de ce moment. Nous reprendrons notre activité, mais notre esprit gardera le souvenir de quelque chose qui n’aura finalement jamais existé, tant il est inconcevable. Un côté irrationnel, magique vu par un poète et pourtant si simple et si concret lorsqu’il est envisagé par le scientifique. Nous ne verrons jamais dans les choses que ce que nous voulons y voir, que ce que nos connaissances nous permettront de percevoir.
There will be nothing left of this moment. We will resume our activity, but our mind will remember something that ultimately never existed, so inconceivable is it. An irrational, magical side seen by a poet and yet so simple and so concrete when considered by the scientist. We will never see in things what we want to see, what our knowledge will allow us to perceive.

Pour chaque chose il en est ainsi. Les poètes et les scientifiques nous sont tous deux aussi nécessaires. L’un nous ouvre le cœur là où l’autre nous ouvre les yeux. Nous pouvons plaindre ceux qui n’écoutent ni les uns, ni les autres. Ce seront des victimes potentielles. Nul doute que les prédicateurs, les manipulateurs, les enfoirés de toute obédience ne manqueront pas de les remplir de haine et de ressentiment. Et ils ne seront pas armés pour lutter.
For everything it is so. Both poets and scientists are equally necessary to us. One opens our heart where the other opens our eyes. We can pity those who do not listen to either side. They will be potential victims. No doubt that preachers, manipulators, bastards of all persuasions will not fail to fill them with hatred and resentment. And they will not be armed to fight.
Je suppose que cela a existé de tout temps. Mais comment se fait-il qu’autant d’intelligence existe sans que l’on soit arrivé à stopper ce carnage ? A croire qu’elle ne serait pas utilisée dans le bon sens. En n’utilisant l’intelligence principalement pour faire du pognon, ne ferait-on pas juste du mal à l’humanité ?
I guess it has been around all along. But how is it that so much intelligence exists that we haven’t managed to stop this carnage? To believe it would not be used in the right way. By not using intelligence primarily to make money, are we not just hurting humanity?

La solution devrait être politique. Si la politique ne gère pas, c’est le désespoir de la rue qui prendra le pouvoir. Et quand le désespoir prend le pouvoir, il coupe des têtes. Je n’ai pas la solution, mais quand je dis que je n’ai pas la solution, ce n’est pas tout à fait vrai. Nous avons tous la solution. Son nom est éducation et culture. Oui, je sais, on est mal barré…
The solution should be political. If politics don’t handle it, the desperation of the streets will take power. And when desperation takes power, it cuts off heads. I don’t know how to solve this mess, but when I say that, it’s not quite true. We all have the solution. Its name is education and culture. Yes, I know, we are badly off…
En attendant, regardons le brouillard tant qu’il est là ! / In the meantime, let’s watch the fog while it’s there!
Belle journée mes ami(e)s ! / Good day friends !

©️ Texte et photos / Text and pictures – Régis Vignon, except MN05 by Koentjoro
Très belle double chronique, délicieusement poétique d’abord puis amèrement réaliste ensuite.
Ça me fait penser a une pub que j’ai vu a Libourne en 4 par 8 ; « Attention, lire nuit gravement à l’ignorance »
Bonne journée Régis
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci Antoine. Je suis parti avec l’idée poétique et ne visai que cela. La suite s’est imposée malgré moi.
J’aime beaucoup la phrase que tu cites. Comment ne pas être d’accord ?
Je suis tracassé avec Liberté. Hier, j’ai décidé de nettoyer ses jantes. Elles sont maintenant comme neuves. J’ai nettoyé les rétroviseurs et deux ou trois autres trucs. Puis je suis parti faire de l’essence. Une fois en selle, impossible de ne pas avaler quelques kilomètres.
J’ai senti des trous dans l’accélération, puis au feux, au stop, calage systematique. Plus de ralenti. Puis les clignotants qui marchent, ne marchent plus, puis re-marchent.
Du coup, j’annule la balade prévue pour ce jour, qui devait m’emmener dans le Vexin normand.
Je me demande si le produit nettoyant n’aurait pas coulé sur un fil électrique quelconque. Je vais laisser reposer et y retournerai dans quelques jours.
Belle journée Antoine.
J’aimeJ’aime
Possible pour le produit
Essaye de régler la vis de ralenti
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais retardé le moment. Bon, quand faut y aller, faut y aller….
J’aimeJ’aime
Son nom est éducation et culture : voilà deux concepts qui sont bien malmenés.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est bien le souci Christine !
Belle journée.
J’aimeJ’aime
De bien belles photos pour illustrer ta réflexion.
Je ne suis pas persuadé que la solution au(x) problème(s) que tu soulèves s’appelle « Éducation & Culture ». Les pires bourreaux nazis (ceux qui commandaient, pas ceux qui exécutaient) étaient parfois de purs produits de l’éducation et de la culture européenne !
La solution, si elle existe me semble plus être du ressort de la morale, de l’attitude morale que tout un chacun devrait avoir face aux autres, face au monde que nous partageons avec les autres, et peut-être que nous laisserons en héritage à nos frères humains qui nous suivront.
J’aimeAimé par 1 personne
Il faudrait bien redéfinir tout cela, pour être certains d’entendre la même chose derrière les mots. Je sens que nous pensons à la même chose mais en le disant différemment.
Pour moi éducation et culture confèrent la capacité à critiquer ce que l’on nous offre et se faire sa propre opinion. Chacun doit construire sa propre morale, qui sera peu différente de celle du voisin, si elle se construit avec les mêmes briques.
La morale, est traditionnellement une manière de respecter des règles communes. Adopter une morale de ce type, c’est un peu l’individu qui baisse pavillon devant le collectif.
Arriver à construire sa morale, plus ou moins en adéquation avec une morale « générale », « sociale » c’est l’individu qui rejoint consciemment le collectif.
La morale peut aussi être un piège, selon d’où elle sort, comme l’éducation et la culture d’ailleurs.
Pour les photos, je ne suis pas super content des miennes. J’aurais dû sortir mon Pentax hier matin…. et ne pas me contenter des filtres…
J’aimeJ’aime
Effectivement, j’aurai dû écrire Morale, au lieu de morale, au sens der la philosophie morale comme pouvait la penser un Jankélévitch !
(Sinon, au-delà des mots, je crois que nous sommes à peu près d’accord…)
J’aimeAimé par 1 personne