Ce jour-là j’étais gaulois, non que des couettes m’eussent poussées de chaque côté de la tête ou qu’un dieu poussé par un inattendu spasme de générosité m’ait confié une potion d’invincibilité. Non, rien du tout, pas de magie, de pouvoir occulte, j’étais gaulois parce que, ce jour-là, le ciel m’est tombé sur la tête…

« Le radiologue veut vous voir, suivez-moi ». Dans une petite pièce sans fenêtre, coupée du monde réel, le médecin pose la radio de mon rein droit sur la surface rétro-éclairée. « Vous voyez cette tâche ? C’est une grosse tumeur ! Neuf centimètres sur cinq. » m’assène le carabin.
Ça commence simplement, brutalement. Et moi qui, depuis 58 ans, aborde la mort comme un concept lointain, touchant surtout les autres, je deviens mortel, potentiellement très mortel.
Le gaulois se tasse sur le banc, accuse l’uppercut. Puis assez vite « Que peut-on faire ? ».
« Il faut enlever le rein. C’est une opération assez simple. « Quand ? ». Je suis dans la solution, projeté sur l’après. Dans le fait de me débarrasser de l’alien.
Ce jour-là, en décembre 2011, je découvrais le mot néphrectomie… un mot avec lequel, plus de cinq années après, mon inconscient joue à cache-cache. Je dois chercher ‘ablation rein’ chez Google pour le faire remonter au conscient. Comme si perdre le mot pouvait avoir une puissance conjuratoire et me rendre l’organe.
Une réflexion sur “Gaulois”
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