Une fois rétabli après une opération, il faut domestiquer le phénomène « attente ».
Attente de la série suivante d’examens, celle-là n’est pas gênante. Une fois le rendez-vous dans l’agenda, la conscience de temps perdus à venir est dans notre esprit.
Penser à prendre son bouquin. Il servira trois fois. À défaut, prendre son ordi ou son smartphone professionnel permet de traiter quelques mails.
Le jour du rendez-vous, même si l’expérience apprend à ne pas venir trop tôt, il reste prudent de conserver la fourchette de 15 minutes qui remet d’optimiser son temps sans risque.
…quelque pages à savourer….
Parfois, si Mercure entre en conjonction avec Saturne, et avec la surprise que sait nous réserver parfois le hasard, quelques mots sont échangés non sans humour avec une personne assise dans la même salle d’attente ‘Scanner’ son dossier médical sur les genoux, manière de faire un pied de nez, un bras d’honneur au destin.
Une infirmière ressemblant à Amélie Poulain vient et annonce « M. Régis Vignon ». D’une fois l’autre Amélie sera au rendez-vous… ou sur la route avec son nain de jardin, dont je n’ai jamais reçu aucune photo. Dans ce cas, c’est Robert…
Les infirmiers / infirmières, généralement très agréables, vous amènent dans un sas entre la partie public et celle réservée aux actes médicaux. Un fauteuil, une patère un meuble métallique avec quelques trucs dessus, mais souvent rien pour poser notre livre ou nos lunettes.
Se déshabiller (ou pas selon le type d’examen), se faire parfois poser une intra veineuse, vérifier son identité et attendre…
…quelque pages à déguster….
Même si l’expérience a su réduire le temps avant l’examen, n’oublions pas qu’apès l’examen, il faut encore attendre pour peu que l’on ait envie ou besoin de récupérer le CD du scanner. La dernière fois que j’ai souhaité le récupérer, on m’a demandé de patienter 15 minutes. 30 minutes après, toujours rien. Ce fut la dernière fois que j’ai demandé à avoir le CD.
…quelque pages à méditer….
Ensuite, il faut attendre le rendez-vous avec son chirurgien, son oncologue. Et plus les années filent moins on se sent rassuré dans ces phases d’attente. Le carabin en chef détient le pouvoir d’annoncer la libération, la poursuite du traitement ou une nouvelle plus difficile à absorber.
Étant pourvu d’une nature plutôt optimiste, je ne parlerai pas d’angoisse, mais bien d’un vague sentiment d’inquiétude que la logique tente de raisonner avec des arguments bien connus « la peur n’évite pas le danger » ou « pourquoi s’angoisser avant de savoir, on aura bien le temps de le faire ensuite » ou encore « tant qu’on sait pas, nul besoin de se mettre la rate au court-bouillon ».

Bref, vous l’avez compris, je regarde maintenant le mot « Patient » avec une moue ironique. Sachez que son origine latine signifie « celui qui souffre » ou « celui qui endure ». C’est la langue française qui commet cette amusante formule : le patient patiente.
Ce tableau de Wilhelm Trübner image la patience…
A voir
« Patients » : film réalisé par Grand corps malade. Sujet : Rééducation et patience. Sortie : 1er mars 2017. Avec : Pablo Paulo, Soufiane Guerrab, Moussa Monsaly.
« The English Patient » : film réalisé par Anthony Minghella en 1997 avec Ralph Fiennes, Juliette Binoche , Willem Dafoe, Kristin Scott Thomas.