Maux & Cris

Il y a une semaine, mardi 6 août 2024, à la même heure où j’écris ces lignes, je me réveillais en salle d’opération, à l’hôpital Foch de Suresnes.

Je me réveillais sous l’action de l’anesthésiste et de son équipe après un dodo sans conscience d’une paire d’heures, pendant lequel le chirurgien m’a ouvert le ventre, en suivant le dessin d’une cicatrice précédente, puis retiré cette saleté de tumeur qui résistait au traitement anticancer depuis plusieurs années, retiré quelques adhérences et refermé en prolongeant la cicatrice précédente. Je suis maintenant traversé par un immense accent circonflexe sur toute ma largeur en sautant par dessus mon nombril.

Un court échange verbal, dont il ne reste rien sinon qu’il a existé. Puis re dodo. Quelques minutes plus tard, en salle de réveil, le chirurgien passe, beau et souriant, assez doux aussi. Il m’explique que la tumeur a été retirée, et que, comme elle n’adhérait pas à l’antre, partie basse de l’estomac, cette dernière n’a pas été retirée, contrairement à ce qui avait été évoqué ensemble avant.

Vous n’imaginerez pas le soulagement que ces paroles ont diffusé dans mes veines. La récupération allait être plus rapide et les séquelles, bien moindres. J’étais dans le pâté, certes, mais aussi sur un nuage.

J’ai ensuite passé trois jours dans le service de chirurgie digestive, sans souffrance grâce à la péridurale posée avant l’opération. Lorsque je dis sans souffrance, comprenez d’une manière générale, car lorsqu’il me fallait tousser ou bouger ma carcasse, la douleur était vivement présente. Sinon, j’étais tranquille, les yeux rivés sur les Jeux Olympiques dont je me suis régalé.

Au bout de deux jours, la péridurale, dont je pouvais augmenter la dose si nécessaire, ce que j’ai fait deux fois, a été retirée. Quatre heures après, j’ai compris à quoi elle servait. Les infirmières m’ont alimenté en médicaments divers et variés, allant du Doliprane à la Morphine, afin de maintenir la douleur dans le supportable, le confortable.

Je suis rentré à la maison vendredi en fin de matinée, avec un immense plaisir comme vous pouvez l’imaginer.

J’ai reçu rapidement des rendez-vous avec le chirurgien du système viscéral et digestif qui m’a opéré et avec le chirurgien urologue qui suit depuis des années mon cancer du rein.

Je m’autorise à préciser qu’un cancer peut métastaser dans un autre organe du corps. Le mien a une nature de cancer du rein. Ma première tumeur était d’ailleurs si bien logée dans le rein droit que, pour me séparer d’elle, j’ai dû me séparer du rein où elle logeait. Mais il peut se loger dans un autre organe, ou à proximité dudit organe, tout en conservant ses propriétés de cancer du rein. Ce qui permet d’avoir à faire à plusieurs domaines thérapeutiques.

Le courrier de l’urologue fixe un rendez-vous assez proche (2 septembre) et demande de ne pas reprendre le médicament anticancer jusque-là (il m’avait été demandé d’en stopper la prise dix jours avant l’opération). Il ajoute que nous verrons ce que diront les examens (scanner et analyse de sang) mais qu’il se pourrait bien que l’on ouvre une phase de rémission.

Voilà la seconde et joyeuse nouvelle que je partage avec vous. S’il est difficile d’imaginer ce que veut dire concrètement une chimiothérapie, lorsque l’on en a jamais fait, ou si l’on n’a pas eu l’occasion d’accompagner quelqu’un qui en a fait une, je vous garantis que ma vie, si l’hypothèse se confirmait début septembre, sera bien plus agréable.

Avant de m’arrêter, je tiens à remercier infiniment les praticiens de l’Hôpital Foch (chirurgien et anesthésiste, leurs équipes, médecins, infirmiers et personnels du service de chirurgie digestive) à qui j’ai eu affaire. Toutes et tous ont été efficaces, humains et agréables. J’ai plus longuement échangé avec certaines et certains, un peu plus la nuit d’ailleurs. Je ne citerai pas de nom ici bien entendu, mais si je pense à elles et à eux, ce que je fais souvent, le sourire me vient immédiatement.

Elles et ils soignent des humains qui ont des maladies, et ne soignent pas que des maladies. Je vous jure que lorsque l’on est malade, ça fait une sacrée différence.

J’ai une pensée pour les personnes que je connais (ou pas) qui sont malades, certains gravement. Mes pensées et mes doigts croisés vont vers elles.

P.S. : 1 – Pourquoi ce titre « et de quatre » ? C’était ma quatrième anesthésie générale (et ma première péridurale…).

P.S. : 2 – Cette belle fleur en exergue s’appelle une Tricyrtis (ou lys-crapaud). Nous attendions qu’elle se montre depuis plusieurs années. (Photo perso).