Maux & Cris

addendum : 9/2/2021 : ajout de la chute rigolote.

Je me disais que l’air était plus respirable depuis que le guignol à mèche blonde s’était fait sortir de sa résidence officielle. On arrive à parler d’autre chose que de ses tweets de mégalo. C’est hyper reposant. Certes, l’actu n’est pas d’une zenitude absolue, mais ce crétin n’ajoutait que du bruit inutile à un brouhaha déjà fort pénible.

Au-delà du crétin autocentré, et même sans lui, ne trouvez-vous pas que la vie se déglingue autour de nous. Pour un peu, on ne le remarquerait pas, ce serait un mécanisme bien huilé qui se dérèglerait petit à petit, à bas bruit. Des trucs qui fonctionnaient plutôt pas mal quand le service n’avait pas de concurrence, se mettent à dérailler tous azimuts maintenant qu’une soi-disante saine concurrence est la règle. Je vais prendre un exemple qui parlera à chacun(e) d’entre vous.

Mon opérateur internet était le même depuis des lustres. Celui qui se présentait au début comme alternatif, comme un trublion qui bousculait les dinosaures en place. Sans engagement, techniquement pointu, plus moderne, moins cher. Petit à petit, il a grossi et rachète maintenant des opérateurs européens, des journaux, monte des écoles d’informatique, des pépinières d’entreprises.

J’habite dans un village au bout des Yvelines, au fin fond du far-west. Mon village d’enfance, dix fois plus grand que ma commune actuelle, était dans far-west Lyonnais. Abonné au far-west, j’ai dû m’habituer à ne pas être au centre des choses, mais à en fréquenter la périphérie. Je vis dans la petite commune des portes de l’île de France. Déjà presque plus Francilien, je n’en suis pas pour autant normand.

Certain(e)s d’entre vous sont fibrés depuis longtemps. Nous autres, les ploucs de campagne, les broussards, l’avons été en novembre 2019. Quand je dis nous, je parle de ma rue, pas de moi. Nous avons eu une réunion d’information, début novembre 2019, organisé par Yvelines Fibre, filiale de TDF, chargé par le département de le fibrer. Nous y avons appris que, rapidement, des opérateurs alternatifs seraient d’abord disponibles puis ensuite Orange, puis ensuite, les autres. Aucune date n’avait été avancée, chaque opérateur restant maître de sa décision.

Début 2019, j’ai appelé mon opérateur pour savoir quand il me proposerait ses services au niveau fibre. Impossible d’avoir l’information. Ils étaient en train de traiter des petites villes pas trop loin de chez nous, mais impossible d’entre savoir plus pour notre cas.

La fibre n’étant pas un besoin vital, nous avons décidé d’attendre. Le seul à qui cela aurait fait plaisir c’est mon Paul, fervent gamer, à qui la fibre aurait permis de charger des jeux en quelques minutes au lieu de quelques heures avec l’Adsl. Paul a quitté la maison en septembre dernier pour aller à Nevers dans l’école qui lui délivrera, si tout se passe comme prévu son diplôme d’ingénieur automobile, et pourrait lui permettre d’atteindre son objectif : être ingénieur de course en Formule 1.

Du coup, nous avons laissé passer le temps. Maintenant cela fait plus d’un an. J’ai laissé un délai plus que généreux à mon opérateur. Cela suffit. Il méprise les zones rurales. J’opte pour un opérateur moins connu. Je contracte et nous arrivons à l’envoi de la box. Sur le site de l’opérateur, je vois qu’il parle de Colissimo, donc La Poste. Cela me va très bien.

Mais en fouinant je constate que non, il ne s’agit pas de La Poste mais de TNT Fedex. Et là, nous nous sommes dit « Merde, ça va foirer ! », puisque presque toutes les livraisons par ce canal foirent. La question n’est pas « Est-ce cela va foirer ? » mais « Comment cela va-t-il foirer cette fois ? ».

Vous connaissez le billet dans la boite indiquant que vous n’êtes pas là, alors que vous étiez bien là. Vous avez testé le coup de fil qui raccroche à la première sonnerie. Vous avez entendu parler du gars qui balance le colis par-dessus le portail sans se préoccuper de savoir si c’est fragile ou pas. Vous avez coché le colis de trois paquets dont deux arrivent, l’un ayant été ouvert, et vous n’avez aucune information pour le troisième. Et je ne parle pas de la caisse de six bouteilles d’un vin introuvable en magasin, à moitié aplatie, et dont le carton est rougi du vin dont vous comptiez vous régaler. Ni des autres cas que vous avez rencontré et pas moi.

Et bien ils sont inventifs. Reconnaissons à nos livreurs cette qualité qui pourrait, bien canalisée, apporter des améliorations de procédures, mais qui, déployées par des sous-traitants de sous-traitants, ne sont que des manières de ne pas se casser la tête à bosser comme il faut.

Le jour prévu, un vendredi, rien. Le seul signe de vie sera trois tentatives d’appel sur mon smartphone, dans la foulée. A l’heure où, malheureuse coïncidence, j’étais sous la douche. Je vous avoue y aller sans mon smartphone. Pas de message vocal et pas de SMS. Sur le site, le colis est indiqué comme étant livré à Kevin – Vignon Régis. Vignon Régis, je vois. Par contre, le seul Kevin que je connaisse habite à Genève, et n’a rien à voir avec cette histoire.

Je laisse passer le week-end et contacte le support du transporteur, qui me demande de vérifier chez mes voisins. Je leur dis qu’il n’y a pas de Kevin dans les maisons avoisinantes et que de l’autre côté de la route, il n’y a pas de maison. Ils me proposent de porter réclamation. Ce que je fais.

J’appelle également le support de l’opérateur pour signaler le souci. Ils me renvoie une seconde box. Je leur exprime ma crainte que le même canal produise le même effet et que je préfèrerais un relais-colis. Ce n’est pas possible.

Notre Adsl fonctionnant toujours, nous prenons notre mal en patience et arrivons tranquillement au mercredi fin d’après-midi. Sylvie revient d’une course et trouve un colis dans la cour sur les escaliers. Il a été posé là très récemment puisque sec alors qu’il a plu à torrent le matin.

Le jeudi, la seconde boite est également posée au même endroit. Ce qui laisse bien comprendre que c’est bien le même gars qui avait déclaré le premier colis livré pour nous l’amener plusieurs jour plus tard.

Vendredi, les personnes chargées de tirer la fibre jusque chez nous ont réussi à la faire passer par la même goulotte qui contenait le câble du téléphone. Cela nous évite un câble volant, dont fragile et inesthétique.

Aujourd’hui, tout fonctionne. Il nous reste à retourner la box surnuméraire. Pour cela nous attendons le bordereau de retour que notre opérateur nous a envoyé.

Les Fedex, DPD et autres se tirent la bourre pour être le plus mauvais. Où est le coupable ? Nulle part. C’est la fameuse chaine globale. La moins chère pour les participants, souvent la plus chère pour le client final, toi et moi. Nous sommes le pigeon de l’histoire. De là à ce que l’on nous dise, comme on l’entend trop souvent, que c’est pour mieux répondre au souhait du consommateur.

Et moi, bon petit soldat habitué à mettre en place des procédures optimisées pour le client, je me retrouve à chaque fois à imaginer ce qui permettrait d’éviter cette perte d’énergie et de temps, avant de me rendre compte que c’est vain et sans issue. Le monde actuel ne veut plus des gens qui aiment le travail bien fait.

Méfiez-vous que l’on ne devienne pas tous des conso mateurs, observateurs exigeants de la consommation et pourfendeurs des saboteurs.

Chute rigolote : Vous vous souvenez de la réclamation que j’ai posé auprès du transporteur. Une fois que tout a été bouclé, hier matin, j’ai reçu un mail de leur part. Un vrai délice pour connaisseur :

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