Maux & Cris

Textes, Poèmes, Livres, Rêves et autres billevesées

Entreprendre la lecture d’un ouvrage de Christian Bobin n’est pas mince affaire. On sait que l’on sortira changé de l’expérience. Un livre par lui écrit est une plongée dans la crue vérité des gens. On pourrait penser que le fantasme, l’imagination est au rendez-vous ! Je ne le crois pas, Bobin excelle dans une forme d’analyse poétique au service de la seule vérité du personnage. Une vérité extrêmement crue, objective et bienveillante à la fois.

Christian Bobin nous dévoile ici les mécanismes profonds de la poétesse Emily Dickinson, qu’il décrit comme une sainte, se réfugiant et trouvant son meilleur dans l’accomplissement de tâches quotidiennes obscures et méprisées.

C’est impressionnant de lucidité de la part de Christian Bobin qui fait écho à celle, très crue, de la poétesse sur elle-même. Emily n’a aucune illusion, aucun désir, à part quelques amours malheureuses dans lesquelles elle trouve le moyen d’être encore plus sainte. C’est le terme qu’utilise Bobin, non qu’elle le revendique ou le prône, mais parce qu’elle le vit, ce qui illumine le moindre des actes ou des mots de notre dame blanche.

Quelques extraits par moi relevés :

– Sur l’enfance d’Emily : « Un poète, c’est joli quand un siècle a passé, que c’est mort dans la terre et vivant dans les textes. Mais quand c’est chez vous, un enfant épris d’absolu, bouclé dans sa chambre avec ses livres, comme un jeune fauve dans sa tanière enfumée par les Dieux, comment l’élever ? Les enfants savent tout du ciel jusqu’au jour où ils commencent à apprendre des choses. Les poètes sont des enfants ininterrompus, des regardeurs de ciel, impossibles à élever . »

– Sur la collégienne Emily : « La trop sage collégienne d’Amherst (ndlr : sa ville) regarde Dieu improviser le monde à chaque instant. Elle dresse en secret la liste de ce qu’elle aime : les poètes, le soleil, l’été, le paradis. C’est tout. La liste est close, note-t-elle, et le premier terme suffit : les poètes engendrent un soleil plus pur que le soleil, leur été ne décline jamais et le paradis n’est beau que d’être peint par eux. »

– Sur une des rares photos d’Emily : « La tyrannie du visible fait de nous des aveugles. L’éclat du verbe perce la nuit du monde. »

Ce livre de Christian Bobin est une merveille. Il vous ouvre à la poétesse et vous laisse changé à jamais. Lisez-le absolument.

2 réflexions sur “La dame blanche – Christian Bobin

  1. Lazuli Biloba dit :

    Dès que je peux entrer dans une librairie ou une bibliothèque !

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    1. Maux&Cris dit :

      Ma librairie a réouvert hier ! Ouf !

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