Maux & Cris

Il est des choses que l’on aime, d’autres que l’on hait. C’est clair et nous avons l’habitude de nous positionner aisément d’un côté ou de l’autre. Classer et ranger dans des boîtes est un sport auquel nous excellons, parait-il. Est-ce bien utile, d’ailleurs ?

Certaines « choses » sont plus compliqués à cataloguer. On les aime et les hait tout autant. On ne peut pas vraiment s’en passer mais certaines de leurs caractéristiques peuvent nous rendre la vie difficile. Là où nous voudrions du simple, nous ne trouvons que complexité et dualité.

Par exemple l’automne. Cette saison est autant belle que moche. Ses couleurs vives nous réjouissent autant que le bonheur de déguster les noix fraîches glanées sous les noyers amis. Mais les jours se font de plus en plus courts, nous privant de lumière et les températures se cassent la margoulette, un bonnet se posant sur nos têtes quand nous empilons les couches de vêtements.

Et puis, il y a cette chanson : Douce France. Rien qu’en lisant ces deux mots, vous avez la musique en tête. Mais celle jouée par qui ?

Pomplamoose est un groupe américain, qui livre une belle version de Douce France. A sa tête Jack Comte et Nataly Dawn. Si vous êtes surpris qui’un groupe américain prononce aussi bien notre langue, sachez que Nataly Dawn a passé son enfance en Europe et plus particulièrement en France et qu’elle parle un Français impeccable, bien mieux que nombre d’entre nous (Ne riez pas, j’ai les noms…).

La version de Pomplamoose est un peu caricaturale, avec accordéon et mandoline, instrument plus Italien que Français au demeurant. Notez le délicieux chorus de clarinette, que j’aime tout particulièrement à la minute 2:20. Bon j’aime l’ensemble, bien que un peu dégoulinant de sucre…

Evidemment, vous connaissez forcément la sublime version, quelque peu ironique, de Rachid Taha. Un sacré personnage, avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots, il y a des années-lumière, à Lyon, rue Mercière où j’avais mes quartiers et que fréquentait toute personne voulant sortir le soir. Mon QG était le Red Cow et le Merry Go Round deux pubs tenus par Paul un Anglais. C’est à la place du Merry Go Round et de l’autre côté du passage des imprimeurs que Jean-Louis Manoa (le Viking) a monté plus tard le fameux bouchon « Le Mercière » en 1980.

Carte de séjour était le groupe de Rachid avant sa carrière solo. Il entrait sur scène en portant des tapis… Le show était superbe et nerveux….

Je ne résiste pas à l’envie de vous partager sa version de Rock the casbah des Clash.

Et pour le plaisir aussi, la version originale des Clash.

A noter que Rachid Taha mérite que l’on s’y intéresse. Regardez cette émission que notre INA a conservé. Elle vous permettra de mieux comprendre le personnage et sa reprise de Douce France, acte d’amour autant que d’inquiétude.

Il fallait bien citer l’original tout de même. Créé en 1943, elle a été vue comme un acte de résistance pendant la guerre, puis entachée d’un esprit Pétainiste après la fin de la guerre. Va comprendre Charles… Notre pays est ainsi fait et ne s’interdit jamais d’être en contradiction avec lui-même.

Pour clore, dites-vous que je ne fais pas partie de ceux qui regrettent les temps d’avant, comme si l’on pouvait gommer la réalité et vivre dans un monde fantasmé où la douceur de l’enfance était loi pour la vie entière.

Portez-vous bien et dites-moi la version que vous préférez.