Maux & Cris

Textes, Poèmes, Livres, Rêves et autres billevesées

D’une part, je pensai en avoir fini avec cette exposition de Nikos Aliagas. Je l’ai aimé, en ai fait un article sur le présent blog (https://mauxetcris.com/2023/12/30/le-spleen-dulysse/). Mais je restai insatisfait. L’article n’était pas à la hauteur de l’exposition et des émotions que j’y avais puisé. Un sentiment désagréable d’inachevé et d’injustice me mettait mal à l’aise. Du coup j’espérai que Nikos Aliagas ne tombe pas sur mon article…

Et puis, au détour d’une émission de radio que j’écoutai en prenant ma douche, une ficelle m’apparut, que je tirai doucement ces derniers jours. Elle concernait le titre de l’expo : Le spleen d’Ulysse.

Evidemment, on se dit que notre Nikos Aliagas a laissé parlé sa « grecquitude ». La Grèce a une culture incroyablement présente et forte avec nombre d’inventions politiques, des penseurs et des poètes incroyables. De quoi être fier et se sentir attaché à ses racines.

Photo de votre serviteur sur celles prises par Nikos Aliagas présentes à son exposition « Le spleen d’Ulysse »

Oui certainement, mais ce n’est pas que cela…

J’ai travaillé, il y a des dizaines d’années avec Amar, algérien, fier de sa culture et de ses racines. Nous travaillions tous deux dans la toute petite équipe micro informatique du magasin Le Printemps. Nous étions quatre plus un chef. J’en reparlerai dans un autre article. Nous nous entendions très bien tous les quatre.

Amar a beaucoup évolué dans notre monde de l’informatique, sa carrière lui procurant un très bon niveau de vie, mais sans lui laisser de temps libre. Il se sentait piégé dans un monde privé de paroles, d’échanges humains, hors ceux purement professionnels. Et il en avait tellement besoin qu’il a plaqué boulot, appart et confort pour partir vivre définitivement en Grèce. Un second exil sans certitude aucune pour retrouver un mode de vie Méditerranéen, où il était possible de refaire le monde dans une taverne autour d’un bon verre et d’une olive.

La ficelle que je tirai devenait méditerranéenne. Cette mer imprègnerait-elle tellement ses fils qu’on ne saurait s’en éloigner sans être pris de ce fameux spleen d’Ulysse ? Seuls les méditerranéens peuvent répondre à cette question. Je ne m’y risquerai donc pas.

Photo de votre serviteur sur celles prises par Nikos Aliagas présentes à son exposition « Le spleen d’Ulysse »

Nous sommes des gens attachés à nos terres, nos racines. Sans elles, il nous manque quelque chose, nous nous sentons incomplets, décalés.

Et puis, la ficelle a changé de dimension.

Au début de l’humanité, nous étions nomades. Toujours en mouvement, pour fuir l’immobilité qui augmente le danger à être attaqués par des bestioles dangereuses, toujours prêtes à faire un bon repas. Je suppose que nous faisions comme les animaux. Les jeunes adultes s’écartaient du groupe familial pour aller créer leur propre groupe. Ne serait-ce pas le premier spleen d’Ulysse ? Devoir quitter sa propre famille pour en fonder une autre.

En mouvement aussi pour trouver sa pitance, avant qu’un savant fou n’invente la culture et nous mette des racines sous les pieds.

Une fois fixés au sol par la capacité à cultiver, les jeunes adultes devaient encore partir pour ne pas épuiser les ressources limitées d’une ferme.

Photo de votre serviteur sur celles prises par Nikos Aliagas présentes à son exposition « Le spleen d’Ulysse »

Aujourd’hui, les enfants quittent les parents pour aller cherche le boulot qui les nourrira. Toujours ce fameux spleen d’Ulysse ?

Cette histoire d’Ulysse, ne serait-ce pas cet éternelle histoire ? Même si nous devons reconnaître qu’Homère nous l’a empaqueté d’une excellente manière.

Ne serait-ce pas cela que cherche le photographe dans les yeux et les attitudes de ses modèles ? L’éternelle histoire de celui ou de celle qui doit quitter le paradis pour vivre sa vie. Ce paradis qui nous suit durant notre vie et dans lequel on peut se replonger par la force de quelques traces que notre enfance aura gravées dans notre mémoire.

N.B. : La photo de titre (le dos tatoué) est aussi de Nikos Aliagas.

18 réflexions sur “Le spleen d’Ulysse (suite)

  1. Avatar de barbara Auzou barbara Auzou dit :

    Oui c’est cela je crois le Spleen d’Ulysse…
    magnifique réflexion…
    Merci Régis
    Je t’embrasse

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    1. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Merci Barbara.
      Belle semaine.
      Je t’embrasse itou.

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  2. Avatar de ID de femmes ID de femmes dit :

    Merci Régis de ce complément des plus satisfaisants. Bises. Renée

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    1. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Merci Renée.
      Je t’embrasse,
      Régis

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  3. Avatar de Lazuli Biloba Lazuli Biloba dit :

    Si le spleen d’Ulysse est universel, ne serait-ce pas simplement parce que « on ne guérit pas de son enfance » ?

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    1. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Bien vu. Il faut même la faire vivre à l’intérieur de nous jusqu’au bout…

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    2. De son enfance ou de ses premières illusions ?

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    3. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Oui aussi. On peut guérir de ses premières illusions, on ne guérit jamais de son enfance. Enfin je crois.
      Belle journée Cécile.

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    4. Avatar de Lazuli Biloba Lazuli Biloba dit :

      L’enfance est l’âge des illusions mais aussi de l’émerveillement. On ne peut être que nostalgique des illusions perdues mais on peut apprendre à cultiver l’émerveillement…

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    5. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      C’est un peu cultiver son jardin. Notons aussi que l’émerveillement nous cultive en retour.

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    6. Avatar de Lazuli Biloba Lazuli Biloba dit :

      C’est partir à la recherche des fées, comme dit Sylvain Tesson, dont je suis impatiente de lire le dernier livre…

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    7. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Oui, pareil. J’ai adoré « blanc » et l’ai écouté ce matin sur France Inter.

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    8. Avatar de Lazuli Biloba Lazuli Biloba dit :

      Il faut lire « Sur les chemins noirs », ça ne m’étonnerait pas qu’ils passent par chez toi…

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    9. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      Je l’ajoute à ma PAL. Merci.

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  4. Pauvre Ulysse, qui a mis dix ans à revenir à Ithaque pour y trouver sa bien-aomée Pénélope.
    N’y a-t-il pas de quoi se forger un sacré spleen ?
    Bonne journée, Régis.

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    1. Avatar de Maux&Cris Maux&Cris dit :

      On peut s’interroger sur son talent de marin tout de même !!! 10 ans pour faire un brin de route c’est bien long, quand nos marins actuels mettent 45 jours pour faire le tour du monde.
      Belle journée Jean-Louis.

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    2. Je lui avais bien dit, pourtant, de ne pas se mettre les dieux à dos.
      Difficile de naviguer quand les dieux s’y opposent !
      Bonne journée, Régis.

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  5. Ah oui je n’avais pas plongé si loin ds l’histoire odyssseenne ☺️ tout s’explique ! Mais que devient Pénélope et ses tricots détricotés la nuit ? 🤨 Une image de la patience et de l’amour maternel ? Oedipe n’est pas loin… Bisous

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