Maux & Cris

Vous avez dû entendre parler de ce collège des Yvelines où un professeur a montré aux élèves un tableau avec des femmes nues.

La belle affaire ! Des femmes nues !! Au collège !!! Ne prendrait-on nos enfants pour des cons ? Ils ont tous des portables. Sur le tableau de Cesari, la nudité des corps féminins laisse entrevoir quatre ou cinq seins (J’allitère quelque peu, mais il y en aurait eu quatre ou six, j’allitérerais tout autant. C’est atterrant !).

À une époque où le corps est exhibé partout pour vanter beauté, force, élégance ou montrer décrépitude, fanaison ou maigreur, il ne faudrait pas le montrer aux enfants du collège.

Et ce serait une atteinte aux élèves de confession musulmane. J’ai beau le regarder, je ne vois rien d’offensant. Si ce n’est peut-être les cornes dont le peintre a habillé le garçon, Acteon, qui lui, se cache bien d’exhiber quoi que ce soit. On reparlera de ces cornes plus loin…

Ce tableau est exposé au Louvre à Paris, un des grands musées du coin, ouvert à tous, à tout âge. On y parle d’art, de culture, pas de religion. Il faut aller dans les musées. Y emmener les enfants. Leur montrer qu’il y a des arts dans lesquels on peut exceller. Que personne, a priori, n’en est exclu à condition que l’on veuille bien lui donner quelques clés.

À une époque où les censeurs sont de sortie (j’allitère encore…), condamnant un tableau, un livre, l’histoire, une expression, ne laissons pas la place aux rétrogrades qui croient plus aisément la religion ou les croyances que la science ou l’art.

Pour information, le thème de Diane et Acteon a été traité par nombre d’artistes, dont les plus grands. Le Titien (ci-après, n’a pas collé de cornes sur la tête d’Acteon).

C’est tout de même curieux ces deux tableaux si proches peints la même année par deux grands artistes. D’ailleurs, que raconte cette scène ?

L’histoire nous vient des Métamorphoses d’Ovide (Publius Ovidius Naso de son vrai nom, son surnom Naso serait dû à son grand tarbouif, que dis-je, une péninsule…). Ovide a vécu la charnière entre les ans négatifs et les ans positifs, il y a quelques deux mille et vingt trois ans. Né en Italie en 43 avant JC et défunté en un exil Roumain en 16 ou 17 après (par JC, lire Jesus-Christ et non Jacques Chirac, ni Jean-Claude d’ailleurs, mon pote en musique, merci), Ovide était poète. On a gardé de lui principalement les Métamorphoses et L’art d’aimer. Ces deux ouvrages vous résumant la principale substance de la vie.

Il a aussi écrit des recueil de poèmes, comme les Héroïdes, des lettres fictives faussement attribuées à des personnages mythologiques (Ne pas confondre avec les hémorroïdes, qui ne manquent pas de fondement non plus mais sont plus pour les trous du cul). D’accord, mais de quoi ça cause, cette histoire de Diane et Acteon ? J’y viens, pas de panique.

Acteon, habile chasseur a été formé par Willy Schraen, nan je déconne, par le centaure Chiron. A la première blague limite je sanctionne, je disperse, je ventile, ok !!

Au cours d’une chasse avec ses chiens et ses amis, il s’écarte du groupe pour écouter les bruits de la nature. Attiré par des bruits d’eau, il tombe sur Diane (un pur canon très fière de sa virginité) se baignant avec ses servantes, toutes entièrement nues. Acteon, lui, est habillé pour la chasse. On n’imagine pas Willy Schraen en train de chasser à poil. Et ben, c’est pareil pour Acteon.

Furieuse que sa virginale nudité soit débusquée par le bolos, Diane est en pétard, et du coup, transforme Acteon en cerf. D’où les cornes sur la tête de ce dernier (pas le cerf, je parle bien d’Acteon) sur le tableau de Cesari. Le tableau du Titien ne nous gratifie pas de cornes, du coup son tableau est moins raccord avec l’histoire d’Ovide. La photo a dû être prise avant que Diane ne se fâche…

Voili-voilou ! Pour résumer il ne s’agit pas vraiment d’exhiber des nanas à poil mais d’illustrer une histoire au moins aussi vieille que la Bible (assemblée au milieu du IVème siècle si l’on considère le « Codex Sinaiticus »), le Coran (première compilation entre 568 et 645 par le calife Abū Bakr) ou la Torah (assemblée au IVème siècle).

Et si on finissait par un peu de dance, mais toujours dans le même thème…