Maux & Cris

Nos chevilles pourraient gonfler de trop, notre ego de même, à compter du moment où l’on produit quelque chose que d’autres humains apprécient. Mais il faut se rappeler que… « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

La phrase attribuée à Lavoisier, pourrait avoir été inspirée par le philosophe grec présocratique Anaxagore de Clazomènes. Lavoisier était chimiste, philosophe et économiste. Il est considéré comme l’inventeur de la chimie moderne, et son apport concerne la méthode scientifique.

Nous ne faisons que transmettre. Ce que l’on a accumulé par nos lectures, nos expériences, nos observations, cette connaissance qui fait de nous ce que nous sommes, est rarement original. Au sens que peu d’entre nous vivent des choses réellement extraordinaires. Mais par contre, l’accumulation de notre vécu et de nos connaissances nous est propre.

Cette cartographie fait notre originalité. Elle est secrète, tapie en nous. On peut l’utiliser ou la garder secrète, comme il nous sied. Notre apport est juste dans la manière de raconter.

Nous recevons de l’énergie et la transmettons, comme l’éclair qui nous traverse. Enfant, il m’est arrivé d’être spectateur d’une boule de feu s’écrasant à cinq mètres de moi dans un tonnerre de bruit et d’odeurs. Sidéré face à ce déferlement, j’étais resté totalement scotché, bouche béante et cerveau à l’arrêt devant tant de force défiant ma propre faiblesse, ma petitesse.

On ne crée pas, on ne maîtrise rien, on transmet, on est des passeurs…

Chevaucher l’éternel
Débourrer l’indicible
Du fond des âges
Jaillit le feu qui
Nous sidère crûment
Et nous la met à revers

Tout nous échappe tant
On croit toujours savoir
L’art est un don
Qui nous transcende
Et fait des larves terriennes
De folles sources de lumières

Essayer de dompter
De trop sauvages étalons
Enfant crois-tu
Qu’il suffise de
Dire stop au torrent de lave
Pour qu’il retourne dans sa niche

Accepter l’idée de n’être
Que ce que nous sommes
De faibles humains
Transcripteurs de
Messages que des milliers
D’années nous dessinent

Nous n’inventons rien
Que ce qui existe déjà
Des ombres nous
Ordonnent de
Passer les consignes
Au reste du troupeau

Faut-il penser, se creuser,
Savoir pourquoi et comment ?
Combat perdu
Juste admettre
Qu’il faut faire les choses
Plus que se demander pourquoi

(L’art est un don – Régis Vignon – 14 mai 2020)

Pour illustrer, je n’ai rien de mieux qu’Allain Leprest dans son morceau « Nu ». Je vous glisse les paroles en dessous de la vidéo, vous comprendrez en les lisant.

Nu – Allain Leprest

Nu, j’ai vécu nu
Naufragé de naissance
Sur l’île de Malenfance
Dont nul n’est revenu
Nu, j’ai vécu nu
Dans des vignes sauvages
Nourri de vin d’orage
Et de corsages émus
Nu, vieil ingénu
J’ai nagé dans tes cieux
Depuis les terres de feu
Jusqu’aux herbes ténues
Nu, j’ai pleuré nu
Dans la buée d’un miroir
Le coeur en gyrophare
Qu’est-ce qu’on s’aimait… Samu
Nu, j’ai vécu nu
Sur le fil de mes songes
Les tissus de mensonges
Mon destin biscornu
Mais nu, je continue
Mon chemin de tempête
En gueulant à tue-tête
La chanson des canuts
Nu, j’avance nu
Dépouillé de mon ombre
J’voulais pas être un nombre
Je le suis…