Ce serait un immense vide, une zone où personne jamais ne passerait, ni personne ni son ombre. Comme une île où la main de l’homme n’aurait jamais mis le pied. Le genre d’endroit où ton hurlement n’est jamais retourné et s’enfuit toujours loin de tes oreilles, un vide infini, sans bordure.
Une définition par la négation. Le silence serait l’absence de bruit, de son. A ce propos, il me revient une phrase de mon patron en harmonie, le regretté Bernard Maury. Quelle est la différence entre le bruit et la musique ? La musique c’est du bruit organisé, nous avait-il asséné.
Victor Hugo s’était aussi interrogé sur la musique et avait trouvé cette très belle définition « la musique c’est du bruit qui pense ».
Les deux définitions sont vraies. L’une est plutôt scientifique, l’autre plus poétique.
La première correspond bien à notre musique occidentale tempérée basée sur des notions de physique, toutes les notes de la gamme majeure n’étant que des harmoniques que l’on a ramené au plus près de la tonalité de départ.
La seconde fait référence au sens que la musique doit avoir pour être entendue. Une musique qui ne serait pas porteuse de sens aurait de fortes chances de ne pas parler à l’auditeur.
Le silence existe en musique. Il s’appelle pause quand il est long, supérieur ou égale à la durée d’une blanche, ou soupir quand sa durée est inférieure ou égale à celle d’une noire. La pause peut porter un bâton, le bâton de pause étant le plus long silence. Le plus court silence est le trente-deuxième de soupir.
Il y a des extrémistes dans ce domaine.
La musique intègre la notion de silence. L’inverse est-il vraie ? Le silence intègre-t-il de la musique ? Pour composer on a besoin du silence. Il n’est pas aisé de composer dans le brouhaha. C’est affaire de contraste. Du silence s’élèvera la mélodie, comme l’ombre a besoin de la lumière pour exister.
Vous vous souvenez certainement de cette citation de Sacha Guitry « Ô privilèges du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui ».
Bonne journée les ami(e)s.
Techniquement j’ai eu la chance de visiter le site d’Ariane Espace à Toulouse. Il y a une immense salle sans échos. Le silence absolu, comme dans l’espace. Le son de ta voix part tout droit et ne revient pas, seul celui qui est sur la ligne du son peut l’entendre.
En fait c’est un véritable cauchemard, vertigineux, effrayant.
Comme les noirs de Soulage, le silence de Mozart est un son délicieux, subtil, respectueux, contrasté. Seul certains sons ne le briseraient pas, le bruit du ruisseau, le pépiement d’un oiseau….
Si la musique est un bruit qui réfléchit, alors le silence pourrait être un doux bruit qui rêve.
Bonne journée à tous
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Joli Antoine ! J’aime beaucoup ces idée du bruit qui réfléchit et du silence qui serait un doux bruit qui rêve.
J’ai aussi eu l’occasion de tester la chambre anéchoique de l’Isat, l’école où va aller Paul. Comme toi, je ne me suis pas senti vraiment à l’aise.
Bonne journée Antoine.
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Bonjour Régis.
Merci de nous faire partager tes réflexions sur musique et silence !
Comme pour la musique, le silence est un élément important de la poésie, sans silence, pas de poésie. (Ce n’est pas un hasard si Mallarmuche termine son poème « Sainte », dédié à Sainte Cécile la patronne des musiciens, par : musicienne du silence.)
Ça m’a fait penser que, à la radio, le silence c’est l’ennemi (parce que l’auditeur ne sait pas ce qui se passe et peut penser avoir décroché). Aussi certains penseurs, ou poètes, qui ont besoin de réflexion pour exprimer au mieux leurs sentiments ou leurs pensées, ne seront jamais invités à la radio. Trop dangereux ! Tu imagines un Patrick MODIANO à la radio, avec tous les silences qui émaillent ses interviews ?
Très bonne journée à toi.
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C’est vrai qu’avec certains taiseux, les interviewers se voient munis de rames désespérément inefficaces. J’adore voir ce genre de situations où une gêne monte de plus en plus jusqu’à occuper tout l’espace. C’est gagesque. Un peu comme avec les interviews de Raphaël Mezrahi.
Le silence donne du relief à la musique ou au poème que l’on lit. J’aurais aimé avoir les talents d’orateurs de certains acteurs qui jouent avec ce silence pour planter une idée, une sensation, faire ressortir un trait de caractère.
Bon vendredi Jean-Louis !
Et vIve Euterpe !
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De bonnes réflexions que je m’en voudrais de troubler par mes bavardages…je pars sur la pointe des pieds, en silence…
(Juste dire que je ne sais à nouveau plus poster sans contraintes 😦 )
http://www.photonanie.com
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Si tu retrouves le goût de bavarder, n’hésite pas. Je serai là.
Bonne journée.
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Bonsoir, Régis, mon cher emplumé….. troisième fois que je passe, relit cet excellent billet. Et je reste toujours aussi songeuse. Pas de mots tellement le silence et la musique, ça me pousse à la reflexion…. Enfin si, j’en ai des mots, mais trop ! Ça se bouscule au portillon.
Je pense aux silences dans l’écriture…. Mes points de suspension, mes blancs….. ( pour le rythme, mais pas que. C’est comme si je me donnais et offrais à mon lecteur un court temps de réflexion)… En musique, le silence qui précède un morceau, c’est dejá de la musique, et le silence qui suit, c’est encore de la musique….
Et sinon, j’aime ces silences remplis de pépiements d’oiseaux, de la rumeur de rumeur de la mer…Le silence du marais poitevin, le clapoti de l’eau, le vent léger dans les feuillages….le silence qui vit. Moins celui d’une pièce de la maison où l’on entendrait une mouche voler.
Mais tellement tellement de choses à dire sur le… les silences ! Les silences réparateurs, et ceux qui tuent.
Bon, je passe au billet suivant….
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Le silence est un sujet qui aime faire parler de lui !
Comme toi, j’aime ces silences. Ils nous reposent du bruit désorganisé et pénible qui nous accompagne souvent. Ces silences nous parlent du réel, sans chichi, et nous replacent dans la vraie vie. Ne permettraient-ils pas, eux aussi, comme l’art, de replacer notre âme bien au milieu de nous et participer ainsi à notre équilibre.
Bon dimanche Solène
🌹😘
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