J’ai vu un chêne encore jeune vivant en symbiose avec un résineux, entourant de ses branches le long tronc raide.
Cet amoureux déployait mille stratégies pour conquérir la belle impassible. Peut-être qu’en montant sur la canopée, j’aurais pu recueillir ses pensées. Mais elle était au-dessous de tout cela.
Je n’ai pas vu de triton alpestre, ni la terrible utriculaire, pas de biches venant se désaltérer non plus. Je n’ai pas vu Berthe, sauf si la dame assise près de la mare et plongée dans sa lecture s’appelait ainsi. Je n’ai pas osé lui demander, de peur de déranger la quiétude du lieu, à peine troublée par quelques chants d’oiseaux et par le saut des grenouilles se réfugiant vers l’intérieur de la mare. Nous en avons aperçu des dizaines sans jamais en voir une seule. Furtives grenouilles.

Nous avons suivi des chemins dégagés menant, avec l’aide d’un balisage parfait, vers les mares donnant le nom à la balade. Un document officiel nous confiant qu’elles avaient été restaurées afin de préserver animaux et plantes dont les noms étaient joints, copieusement accompagnés de photos et de descriptions détaillées.
Alléchés par ce programme, nous avons fait cette balade. Le sous-bois ne présentait rien de particulier, si ce n’est les arbres amoureux présentés plus haut. Les mares n’avaient rien de bien spécial, si l’on oublie le panneau nous informant de la présence de tout ce que nous ne voyons pas. 4,3 kilomètres sympa mais sans plus.
Je me suis dit que j’étais un gros con, imaginant que les animaux et les plantes habitant ici n’attendraient que moi pour sortir et venir me faire la parade, ainsi que le stipule certainement le contrat passé avec le syndicat d’initiative, comme ils devaient le faire pour chaque visiteur.

Aujourd’hui, j’ai lu un article de Sciences & Avenir. Une équipe de recherche de l’Institut Max Planck de Physique gravitationnelle a mis en évidence un fait relatif (si j’ose dire) à la théorie de la relativité générale. On enfile son harnais, on le règle bien serré et c’est parti…
Lorsque deux trous noirs fusionnent, ils créent un trou noir plus gros (ça va… tout le monde suit ?) filant à une vitesse de dingue dans une direction donnée.
Ok. Et alors ? Le sujet est parti d’une observation, faite le 29 janvier 2020, d’ondulations de l’espace-temps. L’équipe de chercheurs, en remontant à l’origine de ce qui avait pu causer ces ondulations, a identifié un trou noir pesant quelques 60 masses solaires et qui filait à quelque chose comme cinq millions de km/h, un peu plus que Mach 4000 (à titre de référence, l’avion le plus rapide – North American X-15 – a atteint 6,7 mach en 1967). Lorsque deux trous noirs fusionnent, cela donnerait une sorte de coup de pied (kick) au nouveau trou noir généré.

Crédit : LIGO, CALTECH, MIT, AURORE SIMONNET/SONOMA STATE
Pour résumer, on se retrouve avec un trou noir, d’une masse estimée à 60 x 1,9884 1030 kg fonçant à la vitesse de cinq millions de km/h. Vertigineux…
Aujourd’hui, par rapport à cela, je devrais pouvoir relativiser assez aisément le fait de n’avoir pas vu de triton alpestre lors de ma balade. Si j’osais la formule, je dirais que j’en ai marre d’être con…
L’article de Sciences & Avenir : https://www.sciencesetavenir.fr/espace/astrophysique/premiere-observation-d-un-kick-de-deux-trous-noirs-propulses-a-tres-grande-vitesse-en-fusionnant_163250

Très beau. Très reposant. A part l’histoire des trous noirs 🙂 Sans rire, je trouve fascinant et très intéressant. La gravité d’un trou noir est si phénoménale !
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C’est dingue et hors de portée de notre (enfin de ma) compréhension. Mes soucis de triton, alpestre ou pas, ne pèsent pas lourd à côté de cela.
Merci de m’avoir lu. Bel après-midi.
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Pas d’accord. Le mystère du triton est important aussi 🙂 Et surtout beaucoup plus à notre portée.
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Le triton est mon mystère. Je n’en n’ai jamais vu, et pourtant j’ai glissé une salamandre dans le début d’une histoire.
En fait j’ai vu ni triton, ni trou noir. Pourtant, je sens bien que l’un des deux est plus accessible que l’autre….
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On se tient au courant sur cette histoire de triton 🙂
Bonne soirée !
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Effectivement c’est vertigineux et, à mon niveau, difficilement imaginable (même si de formation scientifique, il y a longtemps 😉).
Mais tu as parfaitement raison on voit rarement du premier coup tout ce que les beaux panneaux nous expliquent, ce serait trop facile.
Par contre j’ai oublié de te dire que j’ai bien pensé à vous deux: circulant en voiture près de chez nous vers 1h du matin, nous avons vu de drôles de formes un peu fantomatiques qui semblaient flotter dans la nuit. Dans les phares on a vu que c’était des chevreuils de dos qui gambadaient dans le champ. Et là je te promets que j’ai pensé très fort « houhou les bichons » 😊
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Chouette, tu as vu des bichons ! Quel bonheur ! C’est idiot comme le simple spectacle de ces bestiole me réjouit. On se sent béni d’avoir la chance d’assister à ce spectacle (et c’est un incroyant qui le dit…).
Merci pour ton passage Photonanie. Bel après-midi.
P.S. : J’y pense, un de nos plus beaux moments de nature avec Sylvie, c’est d’avoir aperçu, malgré nous car nous ne les avions absolument pas repéré, une troupe de loutres (6 ou 7 individus) qui prenaient le soleil. elles se sont vite réfugiés dans le ruisseau.
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Ma fille m’a envoyé ce matin la photo d’un chevreuil dans son jardin! Il faut dire que l’endroit où nous habitons a été baptisé « Bois des chevreuils » 😉(https://mapcarta.com/fr/N1672349735)
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Ce bois mérite bien son nom ! Merci pour l’info.
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J’aime beaucoup cette balade du plus proche au plus loin. Je suis comme ça également ! Plutôt du microscope aux étoiles ! Impressionnants ces chercheurs réussissant à de telles découvertes…
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Pour de tels chercheurs, Est-il être plus simple de voir un trou noir qu’un triton ? La question me hante.
M »étonnant de ne pas voir tes dernières publications, je viens de vérifier et, bizarrement, je n’étais pas averti de tes publications. C’est corrigé.
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Pardon de me poser peu de questions sur des sujets qui pourraient, ainsi que toi, me hanter, j’ai fait un repli sur la beauté des images, et sur les grenouilles, lesquelles m’ont toujours intriguée, leur apparence, leur manière de se déplacer. Bien sûr, je n’accompagnais jamais les copains lorsqu’ils partaient manger des grenouilles, dans les Dombes, ou dans les guinguettes aux abords de Lyon ! Bonne soirée Régis. Bises
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Je suis moins puriste que toi et ne rechigne pas à en manger. Dans les Dombes, ou sur la Loire, plus près de chez mes parents, au Relais du château de la Roche par exemple.
Pas trop souvent cependant.
Merci d’être passée Renée. Des bises.
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C’est beau la Loire ! J’ai moins de pitié pour les
Escargots ! Bises
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J’adore les escargots aussi ! Bises
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Pour information le triton est un assemblage de trois thons qui après être entrés maloncontreusement au travers de trois trous noirs ont fusionné à la vitesse de 4000 mach et n’ont fait qu’un à la sortie du troisième trou noir. Ils ont eu une peur bleu dans le noir, t’imagines.
Bon, ce que je dis là est vérifiable dans le sciencéthon du premier Avril 1932.
Il faut toujours croire les hommes de sciences.
Sur ce, bonne soirée !
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C’est aussi la note longtemps considérée comme diabolique « « diabolus in musica », la célèbre quarte augmentée. Mais je préfère ta version, bien plus poétique.
Merci de m’avoir lu. Bonne soirée
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Une écriture qui a la force d’attraction d’un trou noir.
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Cela m’embêterait de faire disparaître mes lecteurs ! 😂
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🤣
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L’article de sciences et avenir et les faits que tu relates sont fascinant Régis même si je t’avoue qu’ayant fais des études littéraires je n’y comprend strictement rien.. 😂 je préfère les tritons et surtout les petites cuisses de grenouilles miam 😉
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