Maux & Cris

Mon ami François est un motard depuis longtemps, moi depuis peu. Nous avons tous les deux une 125cc. Celle de François est récente et monte à 130km/h. La mienne est de 1997, ce que l’on appelle vintage et ne dépasse les 85 km/h qu’en descente et avec le vent dans le dos.

Dès qu’il a su que j’avais acquis Liberté, le petit nom de ma pétrolette, François m’a proposé de se faire une ballade en moto. Plusieurs fois remis, l’opportunité se présente ce matin lorsque je lui fais part de la ballade que j’envisageais cet après-midi. François me propose de se retrouver à Magny en Vexin.

Nous avons tourné sur les petites routes autour de Magny. En pleine campagne, nous nous sommes arrêtés au milieu de nulle part, un champ de tournesols encore jeunes mais déjà bien tournés vers le soleil, un champ de pois bien secs et personne aussi loin que nos regards portaient. Seuls au monde, si des chasseurs n’avaient pas eu l’idée saugrenue de tirer deux fois sur je ne sais quelle pauvre bestiole. Même au bout du monde, la méchanceté a des tickets d’entrée.

Nous avons traversé des villages déserts. Pas un troquet, pas une mobylette. Non, mais deux motos qui nous ont, petit à petit, déposé en cette belle vallée de l’Epte que j’aime tant et qui retentit encore des combats entre les Vikings, les Normands et les Francs. Vallée où le traité de Saint-Clair-sur-Epte a clos en 911 cette époque de furie, par l’accord passé entre Charles III le Simple et Rollon. La Normandie a commencé à s’unir et à se développer ensuite. Un siècle et demi plus tard, Guillaume de Normandie deviendra Guillaume le Conquérant, puis Guillaume Ier une fois l’Angleterre vaincue à Hastings.

Aujourd’hui, pas de Guillaume, mais François et Régis, qui chevauchent leur destriers de métal. Après avoir traversé la vallée de l’Epte, nous tirons vers Chaussy et allons faire quelques pas à Villarceaux, bien calme. François fait quelques photos. Si vous ne connaissez pas ce domaine, allez-y, il mérite votre intérêt.

La route nous amènera ensuite à Vétheuil, où nous allons poser les motos sur la place de la mairie et nous installer à la terrasse du café pour boire des panachés. On débriefe, poste quelques photos sur Facebook. Un gros et vieux chien vient s’asseoir à côté de nous. On lui parle et imaginons qu’il nous répond, avec une super voix grave, un truc du genre « qu’est-ce tana à fout' ».

L’heure tourne. François repart de son côté, moi du mien. Il aura fait 150 bornes et moi 120.

C’était un bien chouette après-midi.

Bonne journée les ami(e)s.

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