Maux & Cris

Notre langue française aime les mots. Elle en a inventé plein, et des mots bien précis. Pas besoin de rajouter tout un tas de particules pour donner du sens, comme dans d’autres langues. Cela la rend à la fois précise et plus difficile à apprendre. Evidemment, ceux qui l’ont pour langue maternelle ou paternelle ont un substantiel avantage. Les étrangers qui parlent et écrivent parfaitement le Français sont de véritables héros, de magnifiques et admirables aventuriers. Généralement ils possèdent bien mieux la langue française que nous-mêmes. C’est agaçant…

Quel bonheur de pratiquer notre langue, de chercher au détour d’une phrase le mot idéal qui représentera le plus parfaitement sa pensée. Généralement, ce mot existe, car notre pensée s’est construite autour des mots appris et grâce à eux. Evidemment plus nous en aurons disciplinés, plus notre pensée pourra s’envoler. Mais il y a des exceptions, et dans les deux sens.

Certains, équipés d’un beau dictionnaire, ne sauront pas réfléchir plus loin que le bout de leur nez, et d’autres, pourtant munis d’un langage rudimentaire, exprimeront de brillantes pensées.

Tout cela est simple, connu. Mais, si l’académie fait régulièrement entrer des petits nouveaux dans son dictionnaire, tout en faisant la chasse aux mauvais usages et aux anglicismes, notre société trouve le moyen de châtrer sa propre langue.

Pour de bonnes raisons en plus et souvent pour ne pas stigmatiser une partie de la population. Exemples :
• Roger n’est pas petit, il est de petite taille. Ah ok ! ce n’est pas lui qui est petit, mais c’est seulement sa taille. Ouf, je suis rassuré. Pas certain que cela change grand-chose pour lui.
• Jean n’est pas aveugle, il est non-voyant. Je me demande si ce n’est pas encore pire. Au moins en étant aveugle, on fait partie d’un monde, peuplé de personnes ne voyant pas. Le non-voyant est défini comme ne faisant pas partie du monde des voyants. On sait dans quel ensemble « normal » Jean ne se situe pas, mais alors où doit-il se situer ?
• Régis est un con, nous avait-on asséné sur Canal plus. Je m’inscris en faux. Régis ne serait-il pas plutôt un mal comprenant ? Je vous laisse gloser entre vous sur « Régis est un con », ce débat ne m’intéresse pas. Quoique… Sur un groupe Whats’App que je fréquente, une jeune femme, nouvelle sur le groupe, continue une discussion qui partait en sucette, et lâche un « De toute manière, c’est bien connu, Régis est un con » assortie de l’emoji mort de rire. Juste après elle ajoute « j’espère qu’il n’y a pas de Régis ici ? ». Et moi de sortir du bois « Gagné ! ». Elle s’est confondue en excuses, et quelle idiote je fais, et je suis vraiment désolée et… Je l’ai rassurée et elle a pu sortir de la situation avec le sourire et sans perdre la face. On s’est tous bien marré.

Revenons à nos moutons. Vous avez compris le sujet, il s’agit d’utiliser une espèce d’euphémisme, sensé adoucir la peine et moins stigmatiser. Et bien mes ami(e)s, c’est raté, complètement raté.

Je souhaitais vous introduire (note du correcteur : non mais l’auteur, ça va pas bien, non !!!; Note de l’auteur : oh ça va, ils ont de l’humour, eux !!) préparer à profiter d’une belle vidéo de notre génial Richard Gotainer qui a développé l’idée dans son morceau « Un chat, un chat », publié très récemment, le 18 juin 2020. Une forme d’appel au bon sens en quelque sorte…

Savez-vous que l’expression appeler un chat, un chat ne fait pas du tout référence à nos compagnons de vie. Le chat fait référence à un autre minou, que l’on aime tout autant cajoler, mais qui ne fait pas miaou. Enfin, je ne veux pas généraliser, mais parmi ceux que j’ai rencontré et cajolé, aucun n’a jamais fait miaou. Mais je ne sais peut-être pas très bien faire…

Mes ami(e)s, tordons le cou à ces conneries de langages, et appelons un chat un chat ! Attention, ne vous trompez pas, ce n’est pas à vos chats qu’il faut tordre le cou…

Belle journée.