Maux & Cris

Textes, Poèmes, Livres, Rêves et autres billevesées

Mon très cher blog,

Je me fais rare. Je sens bien que cela te peine. Je pense à toi, tu fais partie de ma vie comme l’ombre fait partie de la silhouette sous le soleil d’après-midi. Je ne t’oublierai pas au fond du placard, celui où sont rejetés les jouets de l’enfant que je ne suis plus, les petites voitures, les dessins maladroits, la collection de timbres sans valeur, les livres lus et relus…

C’est juste que… je ne voudrais pas que tu te sentes blessé, promets-moi que ce ne sera pas le cas… tu n’es plus seul au monde. Tu as eu longtemps la primauté, l’exclusivité. Je ne te remercierai jamais assez d’avoir accueilli mes divagations si longtemps sans jamais te rebeller. Je vais te demander quelque chose de difficile, qui te forcera à faire appel à tes ressources, cachées mais nombreuses et puissantes.

Je voudrais que tu acceptes de rompre l’exclusivité de notre relation, et de plus à sens unique. J’ai commencé, poussé par l’opportunisme et un impérieux besoin d’exister plus encore, à griffonner un billet quotidien sur les réseaux sociaux. L’opportunisme, pas tant structurel que conjoncturel, se rapporte au tunnel de confinement dans lequel nous a placé son altesse Covid 19ème du nom.

Une minuscule crotte de virus super énervé défouraille largement en ce moment et abat quantité d’humains. A l’heure où je t’écris, il en est à 139419 victimes déclarées, auxquelles on peut ajouter tous celles décédées en douce, en fraude, comment dire, simplement non déclarées.

Ce virus est aussi une manifestation de la vie. Le virus veut vivre et se reproduire en libérant et dupliquant son ARN (acide ribonucléique) en utilisant nos propres ressources. Un processus aveugle redoutablement efficace au service du seul besoin d’exister.

Le besoin d’exister, je te le dois mon cher blog. Tu m’as poussé dans mes retranchements, en surfant sur la vague d’une violente tendinite qui m’éloignait de la guitare, amie très proche de plus de quarante ans. En surfant sur mon semblant de désintérêt pour la photo, autre amie quarantenaire. Elles doivent toutes deux m’en vouloir encore bien plus que toi, si récent dans ma vie.

Tu m’as fait grandir et me lancer dans de nouvelles expériences. Ce billet, que je pousse chaque matin autour de 7h00 sur Facebook, commence par « Je te fiche mon billet que… ». Le reste n’est jamais que ce qui vient, aspiré par ces premiers mots. Et bien ce petit billet, qui ne pèse guère plus de 400 mots, m’a valu tant de manifestations d’amour que j’en suis resté pantois.

Mon cher blog, tu m’offres un commentaire de temps à autres et j’en suis très content. Certes la chaleur, parfois exagérée, des réseaux sociaux est très agréable mais j’apprécie autrement ces quelques commentaires que tu m’offres, issus de personnes bloguant également, donc soumis aux mêmes affres que moi.

L’époque est au partage, tu le sais bien, mais sauras-tu accepter que je participe à des concours lancés par des éditeurs, des médiathèques ? Le temps que je consacre à cela m’éloigne de toi. Mais c’est pour mieux te revenir, je te l’assure. Je reviens plus fort, avec plus d’envie, par exemple celle de te parler comme maintenant. Parler à son blog, c’est carrément narcissique, m’objectes-tu ! J’ai envie de nier, mais à quoi bon !

Toute forme d’expression n’est-elle pas une simple projection de soi, une manière d’exprimer ce que l’on est, ce que l’on ressent. Ecrire, ne serait-ce pas simplement de s’écrire à soi-même, une activité plutôt bien vue, alors que se parler est plutôt mal considéré, voire une cause d’internement.

Il faut que je te dise. L’un des mes textes a plu à un éditeur. Assez pour qu’il soit édité, à côté d’autres produits par d’autres auteurs, dans un livre en cours d’impression et qui sera édité après le présent tunnel confinatoire. Il va concourir également à un concours organisé par la mediathèque d’une ville moyenne bien branchée culture.

Mes petits billets matinaux, dont je te parlai tout à l’heure, concourent également auprès d’un autre éditeur. Pour l’heure je suis dans les cinq premiers, encore bien loin de grimper sur le sommet de la canopée et d’être inondé de lumière. Mais je ne fais pas vraiment ces concours pour gagner, plus pour me challenger.

Tout cela pour te dire que, mon très cher blog, bien que très occupé, je reste tien et te prie de recevoir l’expression de ma plume la plus agitée.

A très bientôt.

2 réflexions sur “Lettre à mon blog

  1. Super, Maux et cris !
    Comme je ne suis pas, et ne serai jamais (tant que Mark Z., son fondateur, ne sera pas en prison pour crime contre l’humanité !), je ne saurai jamais ce que tu y postes. (Ni ce qu’y postent mes autres amis internautes), mais en tout cas, être ainsi repéré par des éditeurs, c’est super !
    En espérant te lire encore sur WordPress !

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    1. Maux&Cris dit :

      Oui bien sûr, j’y suis j’y reste ! Je compile mes billets, déjà 24 pages !!! et je les posterai sur Maux et cris je ne sais pas encore comment, peut-être en les regroupant par semaine.
      Merci pour ton mot ! À bientôt Tout l’opéra !

      Aimé par 1 personne

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